1. C'est ça l'amour ?


    Datte: 24/12/2018, Catégories: fh, fbi, pénétratio, fdanus, amourdram, Auteur: Jules Gratien, Source: Revebebe

    ... convaincre elle-même que rien ne s’est passé. Je l’entends qui se déplace d’un bout à l’autre de la pièce. Elle doit fouiller maintenant dans son sac, posé là, sur un meuble. Le frottement sec et creux de la molette de son briquet. Elle aspire une bouffée sonore de sa cigarette. De celles qui aident le fumeur à la concentration. Parce que je reste figé et ne semble plus réagir, elle s’inquiète. Elle demande si je l’entends. Je hoche enfin la tête. De ma bouche pâteuse, de mes lèvres molles je lâche un oui, plat, inerte qui tombe aussitôt. C’est tout. Comme un boxeur sonné au fond des cordes, j’ai besoin de gagner du temps. J’ai besoin que ma tête et mon corps récupèrent. Par le filtre de ma douleur, j’ai bien tout entendu, mais ça n’avait pas de sens. Moi je sais bien que c’est grave.
    
    — Mais regarde-moi au moins ! Ne me laisse pas te parler le dos tourné.
    
    Quelques secondes s’écoulent, une minute peut-être, je me suis refait une figure convenable, acceptable. Enfin je crois. Quand je me retourne, c’est elle qui se tait. Un instant elle m’a bien dévisagé, mais s’est aussitôt détournée. Elle cherche à meubler, à s’occuper les mains.
    
    — Tu veux un café ?
    — Oui.
    
    Qu’attend-elle de moi ? Que je parle, qu’elle sache enfin ce que j’ai dans le crâne sans doute. C’est presque dommage, je me sens mieux, la vague est passée en moi, et je suis toujours vivant. Je peux lâcher la planche pourrie. Elle est vraiment pourrie. Qu’est ce que c’est que ces foutaises ? Je sais ...
    ... bien au fond de moi que le désir de Cécile ne m’appartient pas. Qu’est ce qu’on y peut si elle bande pour une autre, et pas pour moi ? « La bandaison papa, ça ne se commande pas ». Je n’étais pas là, et elle ne m’a pas attendu. Mais sans doute que ma présence n’aurait rien empêché. Il faut que je remette un peu d’ordre dans mes pensées. Je finis par demander :
    
    — J’existe encore pour toi ? Je veux dire : plus que cette fille ?
    
    Je vois bien dans son demi-sourire, dans ses gestes plus souples, que Cécile se détend. Elle aussi se sent mieux, elle retrouve la berge, où elle va pouvoir poser le pied. On va pouvoir discuter.
    
    — Bien sûr que tu existes ! Jamais je ne referai la connerie d’il y a quinze ans. Je ne te laisserai plus partir, je ne te quitte plus. N’oublie pas qu’on doit vieillir ensemble.
    — N’essaie pas de te montrer gentille parce que tu te sens coupable. Tu te sens coupable ?
    — Merde ! C’est clair que je suis pas fière ! Je sais que tu as toujours été là, que tu étais là le premier.
    — Le premier ? Ne délire pas. Qu’est-ce que ça peut bien foutre d’être là avant l’autre, si on n’a plus sa place ! Ça marche à l’ancienneté chez toi ? On a le droit à une prime peut-être ?
    — T’as raison, je me sens coupable.
    — Mais coupable de quoi ?
    — Je ne sais pas. Je ne veux pas que tu souffres.
    — Oui, je souffre, mais je ne te dirai pas à quel point, parce que ça ne sert à rien et que je vais me mettre à pleurer. Tellement ça fait mal. Mais je ne veux pas de ta ...
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