1. C'est ça l'amour ?


    Datte: 24/12/2018, Catégories: fh, fbi, pénétratio, fdanus, amourdram, Auteur: Jules Gratien, Source: Revebebe

    ... femme qui discutait sur le net.
    
    Une boulette exsangue de carton dans la bouche. J’ai beau mastiquer, ça ne passe pas. Ce week-end, je ne voulais surtout pas partir. Il avait bien fallu pourtant que j’y aille. Désamorcer cette embrouille familiale, où je n’avais joué aucun rôle. J’en ai l’habitude. Indécrottable ! J’ai toujours cru au pouvoir de la parole, moi qui aime tant me taire et rester en retrait. Si je suis devenu pacificateur, c’est sans doute parce que je suis trop lâche pour supporter la discorde. Trop faible pour le chaos. Tout de même, peut-être qu’un jour je laisserai péter tout ça. Juste pour voir ce qui se passe.
    
    À la fin de cette semaine de printemps, il a fait chaud, très chaud sur tout le pays. La canicule s’annonce déjà qui doit nous clouer au sol tout l’été. Comme des cloportes surpris au fond d’une poêle à frire. La chaleur, moi, je l’ai d’abord vue monter dans le corps de Cécile. Sa façon plus coulée de se déplacer. Quand elle rentre le menton et se frotte lentement la joue sur une épaule pour sentir la caresse de son col de chemise. Et puis, ses mains qui glissent comme un frisson sur mon poignet. Elles remontent tout le long des veines renflées, pour frôler mon avant-bras. Et puis encore, sa tête qui reste perchée sur mon épaule, après que je l’ai embrassée et serrée contre moi. Je frotte doucement son dos, la console et la protège un instant du monde qui nous entoure. Je retarde le moment où je lui donne une petite tape sur les fesses, et ...
    ... libère nos corps encombrés l’un de l’autre.
    
    En infimes particules fibreuses. J’ai fini par cisailler du bout des dents un petit morceau sans goût, dégluti péniblement, noyé dans la salive. Je ne dis rien, ne la regarde pas non plus. Je l’écoute, de toute ma carcasse immobile et pesante d’angoisse, je l’écoute. Je l’écoute et dans l’urgence les pensées me viennent, me submergent. Comme de gros tampons d’ouate qu’on accumule, qu’on presse sur une plaie béante, où le sang coule à flot, à chaque pulsion du cœur. La douleur est trop vive. J’ai besoin de penser à tout ce qui peut atténuer l’hémorragie. Soulager la souffrance. Des pensées qui m’envelopperont de leur gaze bienfaisante. Tout ce qui peut m’aider. Vite !
    
    — Ne fais pas cette tête-là, merde ! C’est juste une fille, cela ne change rien pour nous.
    
    Depuis longtemps, Pat occupait le terrain – vagino-vaginal, comme je raillais parfois, et je m’en accommodais très bien. Mieux que Cécile, sans doute. Pat, la maladroite, la touchante, trop humaine et paumée, me rassurait par son amour insuffisant. Je me souviens maintenant d’une autre femme, une autre plus menaçante qui l’avait invitée à venir chez elle quelque part en Provence. Jeune intellectuelle et viticultrice. Elle partageait son temps de travail entre la fac, où elle dispensait des cours de littérature médiévale, et le vignoble familial, dont elle avait hérité. Deux jours seulement après leurs premiers échanges sur la toile, Cécile, un grand sac sur l’épaule, avait ...
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