1. Descente au Paradis (6)


    Datte: 19/12/2018, Catégories: Erotique, Auteur: Phoroeckx, Source: Xstory

    ... mais surtout très gentil et attentionné. Pour être complètement honnête avec toi, certains regards appuyés, certaines de tes réflexions m’ont souvent un peu, disons offusqué, mais je suis parfaitement consciente que c’est en lien avec mon éducation. Je ne dis pas que j’ai toujours relativisé, mais je ne t’en veux pas d’être toi-même. J’ai appris à t’apprécier. Malgré tout ça tu as bon fond, j’en suis persuadée. Alors je t’en prie, mais ne t’attribue pas une responsabilité trop importante dans ce qui s’est passé. Si tu étais dans le même état que moi, tu n’as rien contrôlé du tout.
    
    Bien sûr que si : hier, Marcel a eu un total contrôle sur tout ce qui s’est déroulé ; d’ailleurs, autant la veille, ses réactions étaient parfaitement authentiques, autant ce matin il joue la comédie – avec néanmoins toujours ce petit pincement dans la poitrine. Le vieil homme est très bon : Suzanne n’est pas née de la dernière pluie, et elle est pourtant loin d’être complètement naïve, et pourtant elle se fait avoir par ses larmes, sans le savoir. Marcel, de son côté, réfléchit à une stratégie pour continuer de voir la belle sur une base régulière : la peur de ne plus la voir lui déchire le ventre, et celle-ci est bien réelle.
    
    — Je... Je pense que l’on devrait arrêter de... de se côtoyer de manière...
    
    — Oh non p’tite me fais pas ça.
    
    La stratégie de Marcel est claire : prendre la belle quadragénaire par les sentiments. Le vieil homme lui sort ses plus belles larmes, la voix tremblante, ...
    ... en sanglotant :
    
    — P’tite... Je veux pas te forcer à quoi que ce soit, mais pitié... Pas ça. T’es la seule avec qui je prends du bon temps en ce moment. Je suis jamais parti de ce bled paumé, le seul pote que j’ai eu dans ma vie est mort y a pas dix ans et les autres, c’est à peine si on se parle. S’te plaît, p’tite, me fais pas ça...
    
    Devant un tel spectacle, cette fois c’est Suzanne qui verse une petite larme. Très rapidement, le discours du vieil homme se brouille, et la belle le prend en pitié : elle ne sait plus comment réagir, et sent une boule monter dans sa gorge à mesure que Marcel s’étend en pleurs.
    
    — Ça va, ça va... J’ai compris Marcel. J’ai compris.
    
    Le silence se fait : Marcel attend la sentence, Suzanne n’ose pas la lui infliger. Son cerveau lui dicte de partir : peut-être pas de retourner de sitôt sur la capitale, mais d’au moins laisser Marcel de côté pendant quelque temps, partir en voyages, quelque part, sortir de chez elle, quitter ses problèmes. Mais elle a pitié du vieil homme. Serait-il tombé amoureux d’elle ? Ce n’est pas impossible : elle est belle, elle s’entretient, elle est forte et a un grand caractère. De son côté, il n’a jamais eu de grands succès avec les femmes, et c’est peut-être l’une des seules avec qui il a développé un lien affectif : bien sûr, elle ne connaît pas sa vie, mais c’est l’image qu’elle s’en fait. Une image plutôt en accord avec la réalité. La belle quadragénaire se retrouve face à un choix cornélien : blesser le vieil ...
«12...456...21»