Descente au Paradis (6)
Datte: 19/12/2018,
Catégories:
Erotique,
Auteur: Phoroeckx, Source: Xstory
... Pour être tout à fait honnête avec toi, je suis un peu perdue en ce moment. On en a déjà parlé, mais mon divorce, le... le manque d’affection, et mon accident d’avant-hier... Tout ça m’a un peu bousculé. Ne prends pas mal ce que je vais te dire, mais je peux comprendre qu’un vieil homme qui vit seul depuis des années ait eu du mal à se... se contrôler. C’est déjà mon cas alors que je ne vis seule que depuis quelque temps. Je suis désolée d’avoir un peu trop pensé à moi ces temps-ci : je t’ai un peu mis de côté, je n’ai pas fait attention ni à l’image que je véhiculais, ni à l’impact que je pouvais avoir sur toi. Je suis désolée.
La gorge de Suzanne se noue, et elle ne parvient pas à continuer. Fière, elle serre les dents pour ne pas montrer de signe de faiblesse, et fixe son verre pour ne pas croiser le regard de Marcel. Pourtant, elle sait que le regard a une importance fondamentale : après quelques secondes, elle lève ses yeux vers le vieil homme, dont la tête manque de la déstabiliser, de rire cette fois. Marcel est avachi sur sa chaise, la mâchoire presque pendante.
— Attends, p’tite, tu te fous de moi là ? Tu fous de moi ? Elle se fout de moi ! C’est toi qui t’excuses ? T’as perdu une case ou quoi ?
Cette fois, la pression est trop forte, et la belle quadragénaire s’esclaffe : au moins, elle a retrouvé le sourire.
— Mais, non... je... Je suis autant responsable. Malgré moi peut-être, mais...
— Mais ce que j’ai...
De nouveau, les larmes montent aux yeux ...
... du vieil homme. Pendant un court instant, Suzanne se demande s’il ne joue pas la comédie, mais elle se rappelle sa réaction d’hier soir, alors qu’il était en pleurs pour de bon. Elle écarte cette possibilité de sa tête. Elle sait ce qu’elle doit lui dire pour calmer ses nerfs, mais ce ne sera pas simple à dire. Suzanne rassemble son courage, et la voix toute tremblotante, essaie de rassurer son voisin autant qu’elle-même.
— Marcel, tu ne m’as pas violé. Je n’étais pas moi-même, mais tu ne m’as pas forcé, à aucun moment.
— Oui, mais, j’ai failli...
— Non, Marcel, non. Même si tu étais... Même si tu l’avais fait, ça n’aurait pas été le cas. Je t’en supplie ne te persuades pas du contraire.
Elle prend son courage à deux mains.
— D’ailleurs... Je te remercie. Je veux dire, de ne pas être allé plus...
— Ca va, ça va, j’ai compris.
Marcel plonge sa tête dans ses mains, et avale son café – froid – d’une tête. Il a vraiment l’air secoué. Suzanne est attendrie, elle ne comprend pas une telle réaction : bien entendu, qu’il éprouve des regrets est compréhensible, mais pas à ce point ! La belle quadragénaire ne supporte pas de voir cet homme, qu’elle côtoie beaucoup depuis quelques jours, souffrir de cette manière, et la pitié l’emporte rapidement sur son ressentiment. Elle déglutit, et passe sa main sur celle de Marcel, toute boudinée :
— Ecoute, Marcel. Peut-être que je me trompe, mais l’impression que j’ai de toi, aujourd’hui, c’est celle d’un vieil homme seul, ...