1. Ascenseur vers l'azur


    Datte: 16/12/2018, Catégories: extracon, ascenseur, miroir, Auteur: Calpurnia, Source: Revebebe

    Depuis peu, mais d’une manière éclatante car à chaque minute, au cœur de mes pensées, Raphaëlle est devenue ma maîtresse. À quarante ans et quelques, elle s’est laissé séduire par mon sourire et les roses écarlates en gerbe que je viens de lui offrir, au restaurant, en gage de la passion érotique que j’éprouve pour elle. En sortant, nous avons décidé de finir la soirée dans l’intimité, chez elle.
    
    Elle habite une tour de trente étages. Vu d’en bas, l’immeuble est impressionnant tant il semble défier le ciel nocturne de son enfilade interminable de fenêtres éclairées. Ses talons aiguilles piétinent élégamment la moquette. Confiants, nous nous tenons par la main pour traverser le hall désert où se déverse la lumière éblouissante des néons. En attendant l’arrivée de la cabine, je me rends compte que j’ai perdu un bouton à la manche de ma chemise, et l’idée d’avoir à en recoudre un autre m’agace au point que je ne remarque pas combien ceci a peu d’importance, ni le regard de Raphaëlle terriblement chargé de désir.
    
    Le bouton vingt-neuvième qu’elle presse s’éclaire. La porte de l’ascenseur se referme sur notre couple illégitime dans un bruit feutré de métal bien huilé. Elle est mariée, mais son époux est parti pour une semaine en voyage d’affaires. Ils n’ont pas d’enfants.
    
    Légère secousse. Nous décollons.
    
    Immobile, elle se tient si près de moi que je sens son souffle chaud parcourir mon cou – en taille, je la dépasse d’une tête. Je colle mon nez dans sa longue ...
    ... chevelure brune dont les parfums puissants me charment au-delà des mots. C’est, en elle, ce qui m’a séduit en premier, quand je l’ai rencontrée dans un train où nous étions assis l’un à côté de l’autre pour un voyage de plusieurs heures. Nos regards se croisent à travers les deux grands miroirs, qui, ce n’est pas fréquent, sont fixés parallèlement l’un à l’autre, de sorte que nos images sont multipliées à l’infini, en une enfilade fascinante d’elle et moi intercalés.
    
    Nous nous faisons face et les mains de Raphaëlle se posent sur le haut de mon dos, puis glissent le long de ma colonne vertébrale, ce qui provoque en moi un puissant frisson. J’ai l’impression de vivre un rêve que je veux prolonger le plus possible en fermant les yeux quelques secondes, avant de retrouver ses pupilles vert pomme. Elle rit du trouble qu’elle vient de provoquer en moi. Elle rit de ses dents à engloutir la vie, et son rire voltige dans l’espace étroit autour de nous, en vagues cristallines puis, s’enfuyant, s’élève aussi haut que sa tour de béton. Cinquième étage, indique l’afficheur à cristaux liquides aussi rouges que les ongles de ma belle.
    
    Mes doigts glissent sur sa joue et dessinent lentement les contours de sa bouche aux lèvres aussi écarlates que mes roses qu’elle a posées au sol, en prenant soin de ne pas abîmer son maquillage. Les siens s’égarent sur mes reins et me griffent à travers le coton de ma chemise. Exaspéré par le désir, je ne puis réprimer un soupir alors que je sens, dans mon ...
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