3 times and you lose - Histoires de Sexe

3 times and you lose

... devine à cause de qui, hein ? Vincent m’a foutu en l’air, May. Le pire, c’est que tu le sais !
— Et toi, tu savais qu’il était mon père. Et le lendemain, t’étais plus très paf, hein ? T’as toujours été consciente de tes actes.

Un bref instant, son regard flamboya, rancunier. Puis elle cilla frénétiquement, et regarda ailleurs. J’avais eu le temps de deviner ses larmes. Un gros soupir gonfla ma poitrine. Ma colère tomba immédiatement. Je sentis mon cœur s’étrécir, et ma culpabilité me bouffer le bide.

— Je suis vraiment, vraiment désolée, May… murmurai-je, contrite.

L’espace d’un instant, Pauline parut sur le point de fondre en larmes. Comme quand nous étions enfants et qu’elle venait de se faire disputer par son père. Que les larmes menaçaient, à gros bouillons, mais qu’elle les retenait par-dessus tout, fière, les poings serrés.

Elle avait eu du cran. Il fallait l’avouer. Elle m’adorait, et il lui en avait fallu du courage pour aller se fourrer dans les bras de Vincent. Une trahison à la hauteur de la mienne, à vrai dire.

Quelle pauvre fille j’étais devenue ! Non mais quelle conne !

— Encore une chose, dis-je d’un ton faussement léger. Tu sais que Vincent m’a proposé de ressortir avec lui hier, et que j’ai accepté ?

Pauline braqua son regard ébahi sur moi et ce fut ma réponse. Elle parut encore plus mortifiée.

— Non, avoua-t-elle. Mais ça ne m’étonne pas, tu es une si chic fille, Chu. Dommage que tu ne le saches pas. Lui et moi, c’était juste un ...

... plan cul… En tout cas, il m’a appris pas mal de choses.

Je me raclai la gorge. Chassant de ma tête la vision que j’avais eue d’eux, dans l’après-midi.Holà, Pauline ! N’exagère pas ! J’ai pas envie de garder cette image de vous empreinte sur mes rétines…

— Oui, donc, tu ne sais pas que lui et moi, on a fait l’amour hier soir, plusieurs fois d’ailleurs, insistai-je. Quelle santé, hein !

Pauline se mit à digérer l’information. Puis elle sourit. Mais c’était un sourire amer.

— C’est vraiment un salaud, pas vrai ? me confia-t-elle.

Je hochai la tête, tranquillement.

Je n’en revenais pas. C’était Pauline, ma meilleure amie, ma sœur presque, là devant moi, qui m’avouait avoir mené un double jeu pendant des semaines. Juste pour me faire chier. Juste pour me faire mal.

Ma gorge se serra.

— Putain, mais pourquoi t’as fait ça ? laissai-je échapper d’une voix rauque. Merde alors, May, t’as rien trouvé d’autre pour me punir d’avoir couché avec ton père ?

Elle me considéra en silence, ses beaux yeux me fixant sans détour.

— Non, dit-elle seulement. Rien trouvé d’autre. Je peux être très conne, moi aussi. Mais je savais pas que ce jour-là, c’est ça que t’avais essayé de me dire. Je savais pas qu’il t’avait eue quand t’étais soule. Et je me doutais pas que tu aimais autant Vincent. Je regrette, Chu. Je regrette d’avoir foutu en l’air notre amitié pour ça.

Je me raclai la gorge à nouveau.

— Notre amitié existe toujours, May… C’est juste plus pareil, ce sera ...