Une pénible affaire
Datte: 13/12/2018,
Catégories:
fh,
policier,
Auteur: Bertrand D, Source: Revebebe
... voit plutôt comme un flic que comme une femme. Quant à sortir avec un homme, pas question. Quelques collègues ont tenté leur chance, mais ont vite été évincés.
Nicolas lui a dit que Robin faisait partie du club. Ainsi, s’il revenait, elle pourrait le rencontrer, s’excuser, mettre les choses au point. Il lui a avoué que, de son côté, à cause de son caractère un peu solitaire, il était lui aussi bien seul. Avec Francine, ils étaient heureux. Ils sortaient tous deux, balades, cinéma, soirées entre amis. Et surtout, ils se retrouvaient souvent chez eux, malgré ses horaires décalés. Mais depuis, plus rien.
Il est de coutume pour la plupart des participants de s’embrasser lorsqu’ils se retrouvent. Pour Ariane, aucun problème avec les femmes ; mais jusqu’à présent, elle reste assez intraitable avec les hommes et chacun respecte sa réserve.
Pourtant, un dimanche soir après une journée particulièrement animée, au moment de la séparation, elle s’est rapprochée de Robin et lui a tendu la joue. Surpris, mais heureux, il lui a déposé un baiser, puis sur l’autre joue, et même Nicolas a eu droit à cette marque de confiance. Elle leur a souri.
Robin a été surpris, certes, mais surtout heureux qu’elle se décoince. Ce n’est pas encore un contact normal avec les hommes, mais déjà un progrès. Tout au moins avec nous, pense-t-il.
Durant la marche, le dimanche suivant, c’est lui qui a pris la parole :
— Je vois qu’avec Nicolas, tu nous considères comme de vrais amis.
— Oui, ...
... Nicolas a été très gentil avec moi. Mais c’est surtout toi à qui j’ai fait tant de mal et qui m’a quand même pardonné. En tant que policier, je jugeais que le pardon était un comportement de faibles, que c’était un moyen pour les victimes de fuir, d’oublier ce qu’ils avaient subi. Et je m’aperçois à présent que cela peut être aussi une preuve de force, de tourner la page et de regarder vers l’avenir.
— Si l’on ne prend pas la vie de cette manière, on devient aigre, rancunier, méfiant, lui dit-il. Et il devient impossible de vivre normalement. Je n’oublie pas ce que j’ai subi ; si je devais en vouloir à quelqu’un, ce serait à Nadège. J’espère ne jamais la revoir, mais si cela devait arriver, je l’ignorerais.
— Je t’admire, car moi je ne peux pas envisager de pardonner à celui qui, à seize ans, m’a violée. C’était un ami de mes parents, que je connaissais, que j’aimais bien. Mais ma tentative de défense a été tellement forte qu’il n’a plus fréquenté la maison. Je n’ai jamais rien dit à personne de ce qui m’était arrivé ; toi seul as deviné. Mais à cause de ça, je n’ai pas eu de jeunesse, ni de vie normale.
— Mais la parenthèse est finie : rejette tout ça derrière toi et reprends la vie. Tu es jeune, jolie, intelligente, tu as une bonne situation, tout pour plaire à un homme.
— Mais le seul fait de penser qu’un homme puisse me toucher, cela me donne des frissons.
— Et pourtant, tu nous as bien touchés, embrassés, Nicolas et moi.
— Tu as probablement raison. Au commissariat, je ...