Mademoiselle Leroy
Datte: 11/12/2018,
Catégories:
fh,
policier,
Auteur: Zahi, Source: Revebebe
... le téléphone sonna, c’était l’assistante de monsieur Duval qui me prévenait que le patron allait m’amener déjeuner avec mademoiselle Leroy. Pendant ce temps, Mélissa me fit un grand sourire et quitta le bureau. Je plongeai dans le tas de paperasses et essayai de trouver quelque chose.
À midi, Ibrahima nous amena à un restaurant chic quelque part dans Ouaga. Ils servaient les plats français les plus huppés et du vin grandiose. J’abordai monsieur Duval lorsqu’il acheva d’avaler une grande terrine de foie gras et d’ingurgiter une bouteille de rouge à lui seul. J’avais décliné de boire, tout comme mademoiselle Leroy.
— Vous connaissez monsieur Farina ? lui dis-je.
— Oui, bien évidemment, je connais tous les grands clients. C’est mon job ici, amener les clients et faire des transactions. C’est un bonhomme très brillant, il a créé son entreprise tout seul puis il a eu besoin d’argent pour augmenter son business. Il est alors venu me demander conseil et je lui ai trouvé le fonds d’investissement américain, avec l’aide de la maison-mère. C’était il y a cinq ans.
Monsieur Duval paraissait fier de ce qu’il avait fait, ça valait un cigare. Il en alluma un, puis reprit :
— Ça allait bien, il gagnait pas mal de fric et nous aussi, et tout le monde était content. Mais voilà, il y a deux ans les choses se sont soudain dégradées. Le business n’était plus ce qu’il avait été. Il continuait à faire des transactions, mais les résultats n’étaient plus là. Les Américains commençaient ...
... à le titiller. Ils lui envoyaient contrôle après contrôle et il y a environ six mois, ils ont menacé de le virer, ce qu’ils pouvaient facilement faire, car il n’était plus majoritaire dans le capital. Et enfin, ça me retombe sur la tête.
— Pourquoi ? dis-je à M. Duval qui paraissait souffrir.
— Car c’est moi qui l’ai conseillé aux Américains, et ceux-ci sont de grands clients de notre maison-mère, en plus ils nous disent que nous aurions dû mieux contrôler les transferts d’argent. Tout le monde s’est mis contre moi et voilà que je me retrouve avec un auditeur sur le dos.
Il s’était emballé sincèrement et je ne lui en avais pas voulu. D’ailleurs, il s’excusa aussitôt :
— Comprenez, je ne vous en veux pas. Mais avoir une telle épreuve à quelques mois de la retraite, ça fait vraiment chier.
— Moi non plus, le rassurai-je, et où est monsieur Farina ?
— Ah, si je le savais, vous ne seriez pas là.
— Il a quitté le pays ?
— Je ne pense pas. Premièrement, toute sa famille est ici et cela m’étonnerait qu’il la laisse tomber aussi facilement, et deuxièmement il sait que les Américains peuvent le trouver n’importe où dans le monde, alors à mon avis, s’il veut se faire oublier, le plus sûr c’est de le faire dans son pays.
— Et pourquoi, il a pris la fuite ?
— Franchement, je n’en sais pas plus que vous. Pour nous, les dossiers sont clairs, à part si vous allez nous dire le contraire. Maintenant on ne sait pas exactement ce qui se passait dans son entreprise, et ce n’est pas ...