Mademoiselle Leroy
Datte: 11/12/2018,
Catégories:
fh,
policier,
Auteur: Zahi, Source: Revebebe
Résumé de l’épisode précédent :Première nuit à Ouaga
C’était ma première mission en Afrique. Je devais faire un audit sur des transferts douteux dans une banque d’Ouagadougou, filiale d’une grande banque française. Dès mon arrivée, Ibrahima, le chauffeur du directeur général de la banque m’amena faire un tour dans Ouaga puis me ramena Mélissa avec laquelle je passai une première nuit bien chaude.
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Le lendemain matin, je retrouvai Ibrahima à l’accueil de l’hôtel. Il portait la même cravate bariolée de la veille et paraissait se remettre difficilement d’une biture nocturne. La Mercedes 350S dévala quelques rues et en quelques minutes elle s’arrêta devant un bel immeuble, la façade en verre bleu, la porte gardée par deux vigiles armés. Dans un grand tableau qui voilait tout le fond du hall d’entrée, on décelait deux hommes, un noir et un blanc, qui regardaient des champs de blé. À l’horizon, des deux côtés, il y avait aussi divers croquis d’usines, de trains et d’ouvrages. Les regards complices des deux gaillards étaient pleins d’optimisme et promettaient un futur meilleur. Futur que les Africains attendent toujours.
On me remit un badge grâce auquel je passai un tourniquet, puis une hôtesse en tailleur ajusté et chemisier blanc avec jabot en fine dentelle m’accompagna jusqu’au sixième étage et me fit entrer dans une petite salle de réunion.
— Je vais vous annoncer à Monsieur Duval, dit-elle avant de ...
... s’éclipser.
J’attendis M. Duval environ une demi-heure. Pendant ce temps, je sortis mes affaires et relus l’ordre de mission envoyé par les Ricains, eux-mêmes missionnés par la maison-mère française pour faire un audit complet et transparent sur les transferts de la banque à l’étranger et surtout sur des transactions de quelques millions d’euros entre une société locale et des banques au Moyen-Orient. Le directeur général de cette société, un certain Monsieur Farina, s’était volatilisé dans la nature et la société était au bord de la faillite. Il y a soupçon que les marchandises et les services contre lesquels l’argent avait été transféré étaient surévalués, voir même fictifs. Les actionnaires de la société, parmi lesquels figure un fonds de pension américain (c’est pour cela que les Ricains s’y mêlaient) avaient demandé l’audit à la maison-mère de la banque. Les actionnaires et la maison-mère, de peur du scandale, n’avaient pas voulu alerter les brigades financières avant d’enquêter eux même et mettre au clair les transactions. Monsieur Duval était au courant des détails de la mission.
La même hôtesse revint me conduire au bureau de Monsieur Duval.
Il prenait la moitié de l’étage à lui tout seul. De trois côtés, on pouvait voir tout Ouagadougou et ses alentours. Le ventre de Monsieur Duval n’était pas mal non plus, tassé derrière un bureau de six ou sept mètres. Il avait, en me fixant, une expression figée, condescendante, lointaine, comme en ont les grands banquiers lorsqu’ils voient ...