1. Où sont passés les poivrons jaunes ?


    Datte: 13/02/2018, Catégories: caférestau, nonéro, amiamour, consoler, Auteur: Lilas, Source: Revebebe

    ... qui te change le cours d’une vie. Je me suis jetée sur le téléphone comme une folle, et j’ai appelé Fabrice pour lui fixer un rendez-vous. Il n’a pas pris l’appel, mais je suis tombée sur Géraldine, qui a promis qu’il allait venir. Au passage, je l’ai chaleureusement félicitée, et elle s’est mise à me raconter sa vie.
    
    Enfin…leur vie.
    
    Et c’est comme ça que c’est revenu, tout doucement. J’écoutais les détails, je faisais mon barman, moi aussi. Je buvais ses paroles, je n’avais plus besoin de boire autre chose. Je me repaissais de leur histoire, émerveillée, tellement pleine de gaieté… et le lendemain, j’ai changé les draps de lit. J’avais acheté une nouvelle paire, dans des tons exotiques : turquoise, vert, jaune… Je la trouvais géniale, cette parure. Mon mari a apprécié aussi. J’étais heureuse.
    
    Je sens bien que vous allez rester sur votre faim.
    
    Je vais donc vous répéter ce que je lui ai dit, à Fabrice, ce soir-là, quand il est venu me retrouver sur le banc du square, pas loin de chez moi. Il y avait toute cette lumière orange de fin de journée, cette superbe lumière de fin d’été, qui teinte tout le paysage, les cheveux, les yeux… et justement, c’est les yeux dans les yeux que je lui ai parlé, à mon ami.
    
    J’ai dit…
    
    C’est pas grave, d’éprouver de l’attirance. C’est pas grave, d’avoir envie de certaines choses ...
    ... avec l’autre, de temps en temps. Ça ne gâche en rien l’amitié qui lie deux vrais amis, même s’ils sont d’un genre différent, qu’ils regardent les mains, les seins, ou la bouche. C’est inévitable, apparemment.
    
    Ce qu’il faut faire, surtout… c’est ne pas en tenir compte.
    
    C’est garder en mémoire les éclats de rire, les mains qui se touchent pour rien, pour rire, sans arrière-pensées. C’est sourire quand on en a envie, râler aussi, jouer au poker et tricher, sortir en boîte pour pas danser et juste savourer la présence de l’autre. C’est manger ensemble, en famille. C’est se parler de tout et de rien, et aussi se confier les choses qu’on a sur le cœur, parce qu’on a besoin de les partager avec un ami. C’est prendre le bébé de son ami dans les bras, le tartiner de baisers, donner des conseils aux jeunes parents, puis le bercer…
    
    Et bercer l’ami cher à notre cœur, de mots tendres, de mots sincères, de mots drôles, et l’accompagner jusqu’au bout sur le chemin de la vie.
    
    Je lui ai dit tout ça à Fabrice. Il est resté longtemps prostré sur le banc, à me regarder. Et lentement… il a souri.
    
    *
    
    Ce soir, j’ai invité Géraldine et Fabrice à la maison.
    
    J’ai fait une salade de poivrons jaunes. Avec des tomates. Et plein d’autres trucs bizarres, et tout colorés. Quand mon mari a vu le plat, il a éclaté de rire.
    
    Et moi aussi. 
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