1. Où sont passés les poivrons jaunes ?


    Datte: 13/02/2018, Catégories: caférestau, nonéro, amiamour, consoler, Auteur: Lilas, Source: Revebebe

    ... besoin de douter à ce propos : l’amitié entre un homme et une femme, ça existait !
    
    Quand j’ai rencontré Fabrice, on était célibataire tous les deux. Alors, fatalement, est venu ce moment où on se demande s’il y aura plus que de l’amitié, si un autre sentiment n’est pas prêt à naître, pour peu qu’on le laisse éclore. Fabrice était chaleureux, drôle. Intelligent. J’avais beaucoup d’affinités avec lui, ce que je ressentais ne me transcendait pas non plus, pourtant il était clair qu’il m’intéressait et qu’il pourrait peut-être y avoir « plus ». J’adorais passer du temps en sa compagnie… Mais j’avais été tellement échaudée par mes précédentes et catastrophiques relations amoureuses que je n’étais pas prête à tenter quoi que ce soit sans un signe encourageant de sa part. Alors… j’ai laissé Fabrice prendre le chemin de notre relation. Il est apparu qu’il ne me voyait que comme une amie, et ça a été très bien comme ça. Pendant sept ans…
    
    On a fait nos vies, on a trouvé nos conjoints, et patatras !
    
    Comment les autres géraient-ils ce problème ?
    
    J’ai commencé à poser des questions, comme ça, l’air de rien. À tous ceux qui ont bien voulu y répondre. Et ces réponses que j’ai reçues… pffff !
    
    Il y a eu les collègues, d’abord…
    
    — Vous y croyez, vous, à l’amitié entre un homme et une femme ?
    
    Quelques grognements ici et là. De vagues marmonnements et autres contenus éclairants. Quand soudain, ma secrétaire, Emma :
    
    — Ben ouais ! J’y crois à fond !
    — Ah bon ? C’est super ! ...
    ... Ça existe alors ! J’en étais sûre !
    — Mais oui, ça existe !
    
    Je me voyais déjà l’annoncer triomphalement à Fabrice, quand Emma a ajouté :
    
    — Mais avec un homo, bien entendu… comme mon meilleur ami. On se dit tout ! Parce que les hétéros, ils doivent toujours avoir des idées derrière la tête. C’est o-bli-gé, tu sais.
    
    Bon.
    
    Devant la photocopieuse… Un homme, cette fois, Maurice qu’il s’appelle, du service compta. Un grand type un peu miro, le cheveu clairsemé, l’esprit vif. J’aime bien discuter avec lui, à l’occasion. On est hyper différent, c’est justement ce qui fait son charme. J’adore confronter nos opinions.
    
    — Moi je suis heureux en couple, m’a-t-il confié avec un clin d’œil (qui démentait furieusement ses propos, si tu veux mon avis, mais passons). Alors je suis tout à fait ami avec mes amies. Je ne dis pas qu’elles, elles n’y pensent pas, par contre. Vu les regards qu’elles me lancent, parfois, ou les petits sous-entendus… Justement, l’autre fois j’étais allée chercher ma fille, tu sais, la petite Christina, à son cours de danse, et sa prof m’a…
    
    Je n’écoutai pas la suite. Mouais. Un ego, quoi. Aucun intérêt son bavardage, finalement. J’ai coupé court en claquant brutalement mon tas de photocopies sur une table, puis je suis sortie avec un sourire d’excuse en prétextant un rendez-vous.
    
    Il m’avait quand même donné une idée.
    
    — Fabrice ?
    — Oui ?
    — Tu es heureux en couple ?
    — Pourquoi tu me demandes ça ? Tu sais que je taffe ?
    — Réponds-moi.
    — Bon… ...
«12...111213...18»