Solenn, Philippe, les cerfs-volants et la tarte aux pommes - Histoires de Sexe

Solenn, Philippe, les cerfs-volants et la tarte aux pommes

... sont des amis à moi. Si on allait les voir juste après manger, histoire de vous expliquer comment on fait. Vous pourriez tenir une des deux cordes et participer aux manœuvres avec mon aide.
— C’est vrai ?
— Puisque je vous le dis.

Ça me tente. Après tout, je suis venue pour me changer les idées, me distraire. Impulsive je réponds :

— Et tout de suite, c’est possible ? J’ai terminé ma salade.
— Allez, venez ! Moi c’est Philippe.
— Solenn !
— Joli prénom, Solenn.

Il finit d’engloutir son casse-croûte en chemin, puis quand nous arrivons tout près du géant il me propose :

— Tiens, pose tes affaires là, avec les nôtres, elles ne craignent rien. On est neuf potes du club cette année au lieu de dix, car il y en a un qui est tombé malade deux jours avant de venir. On est un des sept groupes français en compétition pour les championnats du monde en équipe qui se déroulent toutes les années paires. On vient aussi avec nos petits chouchous, comme le cône gigantesque et si tu veux je te montrerai les rokkakus, nos cerfs-volants de combat.

À ses copains :

— Les gars, Solenn vient nous donner un coup de main.

À peine les bonjours échangés, il me prend la main et m’entraîne. Le tutoiement est venu naturellement et l’idée me séduit de me laisser conduire par cet homme à qui je semble plaire. C’est même de ça dont j’ai le plus besoin pour le moment. Un petit coup de vibration dans les veines.

— On a du boulot si tu veux l’amener à plus de cent mètres de haut. Il ...

... y a deux cordes que l’on maintient au sol pour le diriger. On va prendre le relais et remplacer Domi qui tient celle de droite.
— D’accord et merci Philippe, tu es sympa !
— Voilà un sourire qui me fait plaisir à voir.

—oooOooo—

J’enfile les gants qu’il me tend pour la sécurité, puis j’attrape la corde en suivant ses conseils et il place ses mains à côté des miennes. Philippe me guide. Il est derrière moi, son corps littéralement collé au mien et nous ne faisons qu’un.

Uhhhmmm… agréable, délicieux, de sentir ses muscles fermes et tendus contre moi. D’un seul coup, une secousse de vent entraîne le cerf-volant un peu plus haut et la tension brusque se répercute sur la corde.

— Holà, mais c’est dur, je vais finir par tomber et me faire mal !
— Mais non, cramponne la corde de toutes tes forces, tu vas y arriver. Ne lâche jamais, même si tu tombes, même si ça fait mal. Je t’aiderai à te relever.

Je reçois un baiser rapide dans le cou. Je préfère ne pas penser. La seule chose qui m’importe à l’instant, c’est d’être plus forte que le cerf-volant et le vent. Avec lui. C’est tout. Nous tenons bon. C’est comme une victoire. Puis il rappelle Domi pour prendre le relais. Quand il me dit de tout lâcher, alors je lâche tout.

C’est déjà fini. Je suis triste. Pas parce que j’ai mal aux muscles des bras et des cuisses, non, mais c’est comme un manque, terrible et perturbant… l’absence de lui… tout contre moi.

Philippe me regarde un instant. Je le regarde aussi. Je suis ...