1. La libertine


    Datte: 16/11/2018, Catégories: ff, fplusag, voyage, voiture, autostop, train, vengeance, dispute, nopéné, init, portrait, initff, occasion, Auteur: Ortrud, Source: Revebebe

    ... est presque nue. Les femmes rient ensemble. Madame se dresse savamment sur son lit et laisse s’écarter les pans de son kimono. Échange de regards et rire de nouveau.
    
    — Vous ne trouvez pas que c’est piquant ?
    — C’est tout le plaisir des wagons-lits, du voyage en général. On se découvre dans un espace réduit, on est obligées de se voir, presque de se rapprocher.
    
    Coralie dose ses gestes, elle les analyse. Doit-elle enlever sa culotte bleu ciel ou mettre d’abord sa chemise de nuit ? L’enlever ensuite ou la garder pour la nuit ? La dame est visiblement nue sous son kimono. Alors, elle se décide à retirer son petit voile.
    
    — J’apprécie votre confiance, c’est très mignon de se voir dans cet état.
    
    Mais un cahot perfide la déséquilibre et elle tombe à la renverse sur son lit, une jambe empêtrée dans sa culotte et Madame a tout le temps de voir la jolie fente dans le désordre de la chute.
    
    — Si vous saviez ce que j’ai vu, Coralie, vous seriez… peut-être… gênée.
    — Oh, après tout, non, parce que moi, savez-vous, j’ai vu la même chose.
    
    Les deux femmes ont dépouillé ce qui les séparait pour regarder mieux ce qui les rapproche, l’état de nature, soigneusement parfumée et poncée. Coralie n’aurait jamais pensé que regarder un corps de femme l’aurait à ce point ravie ni, a fortiori que de se savoir regardée au plus secret l’aurait à ce point émoustillée.
    
    Madame n’ose pas faire le geste que la situation n’impose pas : retirer son kimono, le faire c’est dire« Me voilà, ...
    ... toute nue, pour vous ». C’est une invite directe, alors que la jeune femme l’a fait par nécessité. Elle se résout au badinage.
    
    — Vous vous rendez compte ? si quelqu’un nous voyait, qui pourrait penser que nous sommes un peu… un peu… spéciales.
    
    Coralie pouffe.
    
    — Mais moi, je trouve ça drôle, ça change et puis, tout de même, nous sommes grandes, pas des collégiennes.
    — Justement, je me demande si je ne me sens pas une âme de pensionnaire en ce moment, pensionnaire d’un train nommé…
    — Désir, peut-être ?
    — Vous comprenez vite, Coralie.
    — C’est qu’en deux heures, j’ai beaucoup appris, notamment que la liberté est agréable, qu’elle touche au libertinisme.
    — Même toute nue ?
    — Mon Dieu, c’est vrai, je suis indécente… tout comme vous.
    
    Les deux femmes perlent ce rire qui détend les traits, rosit les joues et fait briller les yeux.
    
    — Vous semblez avoir l’habitude des femmes.
    — Je suis une femme vraiment libre, sans doute libertine, mais au féminin, et je n’ai jamais fait de mal à personne.
    — Vous êtes belle.
    — Je fais attention à moi, j’ai quarante ans.
    
    Coralie reste pensive une seconde, puis, comme à regret, enfile sa chemise de nuit.
    
    — L’apparition a pris son envol, mais il reste une charmante compagne de voyage.
    — Excusez-moi, je suis pleine de contradictions, je n’avais jamais ressenti à la fois ce plaisir et cette réserve de tout mon être.
    — Mais je ne veux rien de vous, seulement ce délicieux moment de badinage et la vision fugitive de votre corps.
    — ...
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