Olivia
Datte: 16/11/2018,
Catégories:
fh,
jeunes,
vacances,
campagne,
init,
Humour
prememois,
Auteur: Elodie S, Source: Revebebe
... dans les transports en commun.
Je n’avais pas prévu que le bâtiment G était exactement à l’opposé de l’arrêt auquel je suis descendue, et je dois affronter bruine et blizzard pour y parvenir. La résidence Pablo Picasso doit le faire se retourner dans sa tombe tellement elle est hideuse. Il s’agit de deux barres parallèles d’immeubles passablement dégradés d’une bonne douzaine d’étages, dont les bases sont comme des pilotis formant des préaux sous lesquels jouent et déambulent une multitude d’enfants et d’ados. J’entre dans la cage de verre sale qui sert de hall d’entrée. Deux des trois ascenseurs du bâtiment G sont hors de service, et un groupe de gens attendent le troisième. Je réalise que je n’ai ni le numéro d’appartement, ni l’étage, ni même, ce qui est pire, le nom de famille de Piotr. Je scrute l’immense panneau des boîtes à lettres ; il y en a une centaine. La grande majorité des noms affichés sont d’origine étrangère, africaine pour presque la totalité. Mon inventaire terminé, seuls sept noms me paraissent avoir des consonances slaves, avec des k et des w. Aucun n’affiche son étage ou son numéro de local. J’interpelle deux femmes pas trop voilées pour leur demander si elles ne connaissent pas un bel ouvrier polonais blond avec des enfants dans l’immeuble. Toutes deux me regardent, effrayées, et me marmonnent une réponse négative. Mon seul espoir : l’intercepter s’il rentre, mais mon moral en prend un sérieux coup.
Je fais les cents pas sous le préau encombré en ...
... contrôlant d’un œil discret les allées et venues des autochtones. Le vent y est glacial, et j’attire évidemment, malgré mon manteau serré, l’attention de toute la population mâle. J’ai droit à toutes sortes de propositions ou commentaires. Certains ont un brin de poésie et me promettentune visite inoubliable des caves de la résidence, une balade en scooter jusqu’au ciel, l’herbe qui a séduit Nabila, le lit le plus confortable de la résidence, un couscous comme là-bas, vingt, puis trente euros pour un embarquement pour le bonheur, etc. La plupart sont beaucoup plus crues et explicites. Après une demi-heure de guet sans résultat, découragée, je décide de décrocher et de rentrer. Incapable d’affronter dans la tourmente l’attente à l’arrêt de bus, j’appelle un taxi pour rentrer. Pendant tout le trajet, je sens que le chauffeur tourne autour du pot en me questionnant ; il se demande pourquoi une jeune bourgeoise sexy est allée traîner dans cette banlieue pourrie. Mes réponses ne l’éclairent guère. Arrivée chez moi, je me jette sous la douche pour me réchauffer, puis dans mon lit pour pleurer comme un gamine…
Le lendemain, un peu requinquée, je me décide pour un plan B. Lorsqu’il était à mes côtés, j’arrivais à tirer quelques instants de bonheur supplémentaires au moment où mon amant décidait de me quitter, sauf le samedi où il désertaitson chantier (?) à midi précis. J’ai donc plus de chance de le croiser le samedi midi !
Cette fois, pas de chichis : un gros pull de laine, ...