L'archéologue
Datte: 13/11/2018,
Catégories:
fh,
nonéro,
fantastiqu,
Auteur: Harold B, Source: Revebebe
Je m’appelle Herbert Kapono, je suis archéologue. Plus précisément, je suis chercheur en anthropologie africaine. J’ai presque quarante ans, et je viens enfin d’accéder au poste que je convoitais depuis plusieurs années, responsable de l’unité de recherche dans laquelle je travaille.
J’ai toujours été brillant dans mes études, mais cela s’est fait au détriment de tout un tas d’autres choses. Je n’ai eu que peu d’amis jusqu’à vingt-cinq ans, et autant dire aucune femme. Et aujourd’hui, mes seuls amis sont d’autres chercheurs de mon unité, et mes seules femmes ont été… Bah, autant dire que je n’ai pas eu de femme à moi…
Je travaille depuis quelques temps sur la civilisation Sao. Celle-ci, peu connue sans aucun doute, s’est développée sur les rives du lac Tchad, le long du fleuve Chari, il y a de cela presque deux mille ans. On n’a découvert que très tardivement et presque par hasard les traces de cette civilisation. Mais elle s’est développée et a brillé longtemps, entre le Cameroun et le Tchad actuels, à peu près à l’emplacement de la récente N’Djamena.
L’un des axes majeurs de ma recherche est la fin de l’empire Sao. Des empires Saos, devrais-je dire. La quasi-totalité de ces peuplades ont disparu plutôt brutalement au cours des huitième et neuvième siècles après Jésus-Christ. Et sans aucune explication, pour l’instant. Pas d’envahisseurs connus, pas de pandémie recensée, ni de catastrophe naturelle apparente.
Il y a quelques jours, une équipe de chercheurs, sur ...
... place au Tchad, a découvert une sorte de petite nécropole. Une telle découverte est de toute façon un pas énorme pour tous les historiens ou archéologues. Mais pour moi, cela fut bien plus encore.
Le lieu de la découverte, les rites apparemment employés, les statuettes funéraires en terre cuite rapidement trouvées, ainsi que les premiers résultats de datation, tout semblait mener aux Saos. Jusqu’à présent, toutes les traces de vie humaine dans ces endroits avaient été trouvées sur de petites buttes au sud du lac Tchad, qui dépassaient des terres inondables. Mais là, la découverte était surprenante car les morts semblaient avoir été déposés dans des endroits où l’eau revenait régulièrement.
Inutile d’essayer d’avoir des renseignements par correspondance. Je devais absolument aller sur place, voir les choses par moi-même, et tenter d’apporter des réponses aux dizaines de questions qui me venaient déjà à l’esprit et aux centaines qui seraient bientôt en suspens.
Pour financer mon programme de recherches, en plus des aides gouvernementales, j’avais fait appel à de nombreuses sociétés pour lesquelles verser de l’argent à des fins culturelles et historiques constituait une sorte d’acte de piété. Mais cela ne suffirait pas pour monter une expédition aux frontières du Tchad et du Cameroun.
Il me fallait des volontés et beaucoup d’argent. Je trouvai facilement au sein de mon équipe quelques personnes intéressées pour partir plusieurs semaines. Restait l’argent. Je décidai ...