Ballade pour un Fossoyeur
Datte: 10/02/2018,
Catégories:
vengeance,
nonéro,
mélo,
Humour
policier,
fantastiqu,
roadmovie,
Auteur: Hidden Side, Source: Revebebe
... allait falloir refaire la déco.
En attendant, un brin de ménage dans la piaule s’imposait. Klaus n’eut pas besoin de chercher bien loin le moyen d’évacuer les cadavres. Avant de perdre la tête, Nancy et son acolyte avaient eu l’obligeance d’emmener un chariot à bagages jusque devant la chambre. Un chariot avec des roues en caoutchouc.
Bon Dieu, ils avaient bien prévu leur affaire, ces deux-là, pensa Klaus, en se massant les tempes. La fraîcheur de la nuit faisait le plus grand bien à son mal au crâne. Pourtant, il n’avait pas bu tant de bière que ça…
La bière !
Il repensa au deuxième broc, généreusement offert par Nancy, qu’il avait balancé en douce dans un pot de fleurs. La combine était bien trouvée : des plats un peu trop épicés et de la bière avec faux col en veux-tu en voilà.
Klaus commença par charger les corps. Celui de la taulière lui donna du fil à retordre. Cette grosse vache pesait bien une tonne ! Puis il souleva le matelas en sifflotant, pour récupérer les têtes.
Nancy regardait le vide d’un œil globuleux. Ce n’était pas très éloigné de son expression habituelle, sauf que cette fois, elle avait arrêté de mâcher son chewing-gum pour de bon. Quant au cuisinier, il tirait une langue impolie. Aucun des deux n’avait l’air surpris de se retrouver sous son pieu, à compter les moutons.
Où allait-il mettre toute cette barbaque ? Il devait bien y avoir une réserve quelque part. Le tueur poussa le chariot jusqu’à la réception, puis il alla fureter du ...
... côté des cuisines. Il repéra rapidement la chambre froide.
— Très bien, ça fera deux cons gelés de plus, s’esclaffa-t-il.
Il traîna le chariot à l’intérieur du restau, puis ouvrit la lourde porte métallique de la pièce réfrigérée. L’endroit était d’une taille surprenante… Et pour cause ! C’était la réserve dédiée à une spécialité bien particulière du Nancy’s : le meurtre et le détroussage des clients occasionnels.
Suspendus à des crochets, plusieurs corps d’hommes et de femmes gisaient là, entièrement nus. Le cuistot avait commencé à en dépecer certains.
Klaus comprit soudain l’origine des travers de porc bon marché.
— Ah, les salauds, pensa le tueur, j’ai bien failli finir au menu du jour !
oooOOOooo
Il ne faisait pas encore tout à fait clair quand le fossoyeur reprit la route dans sa Cadillac poussiéreuse. La nuit avait été plutôt courte, et il n’avait aucune envie de traîner dans le coin.
« Une fois à Salem, j’aurais tout le temps de me reposer », se disait-il, en buvant une tasse de café tirée du thermos de Nancy.
Ce matin, avant de quitter le motel, il s’était fait un petit-déjeuner de champion. Il avait simplement évité de rajouter du lard dans ses œufs brouillés…
L’asphalte grisâtre de ce coin de route perdue défilait tranquillement sous ses pneus depuis près d’une demi-heure, quand il entendit une sirène de police mugir derrière lui. Il braqua en direction du bas-côté, stoppa la caisse et prépara ses papiers en maugréant.
Un insigne ...