Ballade pour un Fossoyeur
Datte: 10/02/2018,
Catégories:
vengeance,
nonéro,
mélo,
Humour
policier,
fantastiqu,
roadmovie,
Auteur: Hidden Side, Source: Revebebe
... jeune gars bedonnant, qui cherchait à aller en direction de Greensboro. Klaus lui proposa de l’amener. C’était plus ou moins sur sa route. Prendre un auto-stoppeur l’aiderait à tuer le temps. Ou l’inverse, ça dépendrait de son humeur.
Klaus et son passager repartirent à un train d’enfer : 65-mph. C’était le maximum que pouvait atteindre l’antique Cadillac noire (le moteur, bien que gonflé, était d’origine). Ça tombait pas trop mal, c’était aussi la limitation de vitesse sur l’Interstate… Pas si cons, ces anciens.
Au bout de cinquante bornes à peine, la conversation entre l’adepte du pouce levé et le tueur mourut de sa belle mort. Le type semblait nerveux, ne tenant pas en place sur le siège craquelé de cette vieille Américaine, même pas reliftée. Il jetait des coups d’œil de plus en plus fréquents à ce mystérieux conducteur au profil impassible, qui lui avait proposé de l’amener sans poser de questions.
Le gars laissa passer dix bornes de plus, puis il demanda à Klaus de bien vouloir s’arrêter. Un « Chili con carne » un peu trop épicé qui ne passait pas, prétexta-t-il.
La Cadillac stoppa sur le bord de nulle part.
— Va chier… lui proposa élégamment Klaus, en allant pécher dans le vide-poche un restant de PQ.
Quand il se redressa, il sentit sur sa tempe le baiser froid d’un 9 mm à canon court, un Glock19 Parabellum. Une arme de malade.
— Eh bien, fiston, c’est un beau jouet, que t’as là. Tu devrais le ranger, avant de blesser quelqu’un.
— Dehors, ...
... connard ! fit le gentil auto-stoppeur.
Une adorable vipère que ce p’tit gars, se disait Klaus. Durant trois secondes environ, il eut sincèrement de la peine pour lui. Dire qu’il allait être obligé de le tuer, au moment où il commençait à lui trouver des côtés sympathiques.
Puis il se félicita de cette occasion de se dégourdir un peu les jambes. Enfin, une distraction, dans cette journée fadasse ! Avant de sortir de la voiture sous la menace de l’arme, Klaus prit son Stetson à larges bords. Il n’avait pas l’intention d’orner sa calvitie naissante d’un mauvais coup de soleil.
Le gars le fit marcher devant lui, en direction d’une dune non loin de là.
Klaus possédait un corps plutôt bien conservé, musclé et assez sec. Un physique à la Bruce Willis. Mais là, ses chances étaient trop faibles. Le type se tenait à quelques mètres en retrait. Rien à tenter, de ce côté-ci. Il allait devoir détourner son attention.
— C’est pas ma voiture, que tu veux, fiston, lança Klaus. Quant à mon fric, j’ai pas lourd sur moi.
— Non, t’as raison. C’est ton cul, qui m’intéresse ! répondit le gros lard, avec un rire gras. Désape-toi…
Klaus en fut amusé. Beaucoup de concurrents avaient voulu le baiser. Mais, au sens propre, c’était bien la première fois !
Il entendit le bruit métallique d’un ceinturon qu’on défait. Puis le froissement d’un jean, descendu à la va-vite. Klaus se retourna vers le type et explosa de rire. On allait voir qui allait niquer l’autre.
— Pourquoi tu te marres, ...