Ballade pour un Fossoyeur
Datte: 10/02/2018,
Catégories:
vengeance,
nonéro,
mélo,
Humour
policier,
fantastiqu,
roadmovie,
Auteur: Hidden Side, Source: Revebebe
... fallait voir comment il les bichonnait, les défunts… De nos jours, un employé manifestant une telle passion pour son travail, c’était unique.
La mort dans l’âme, le directeur du funérarium avait finit par lui accorder sa bénédiction. Contre la promesse d’être de retour le premier novembre, jour d’enterrement de sa vie de vieux garçon. Klaus promit. Il lui assura qu’il préférait passer l’arme à gauche que de rater ça, ce qui les fit rire de bon cœur.
Il n’y a pas plus marrant qu’un croque-mort, faut l’savoir !
Le surlendemain, Klaus empila quelques affaires dans le coffre de sa Cadillac Deville 1976 noire, version coupé deux portes, au moteur surgonflé.
Trois fois rien, l’arsenal habituel pour ce genre de virée : cinq grenades à main, deux fusils à canon scié, huit cartouchières, la paire de sabres japonais offerts par Eddy il y a trois ans. Plus un maillet de camping et une boîte de douze pieux en acier inoxydable. Douze, c’était peut-être un peu beaucoup… D’un autre côté, il les avait eus en solde. On n’est jamais trop prévoyant.
La communauté où vivait sa cible se situait à Salem, dans le Massachusetts. Quelle drôle d’idée, d’aller s’enterrer dans ce trou ! Un bled de quarante milles pelés, tout au plus. On devait mortellement s’y emmerder.
Il y a une sacrée distance, entre Salem et Memphis, la ville où officiait Klaus. Environ deux mille bornes… Il avait prévu de faire le trajet par la route, sans se presser. Trois étapes, de sept cents kilomètres ...
... chacune, environ. C’était pas la mort.
Oh, bien sûr, il aurait pu y aller par la voie des airs. Faire l’aller-retour dans le week-end.
Cependant, outre les difficultés pratiques concernant le transport de ses bagages un peu particuliers, Klaus n’aimait pas prendre l’avion. Il s’était toujours méfié de ces engins de mort. « Et une bagnole, qu’est-ce que c’est, à part un cercueil sur roues ?! » le chambrait souvent son patron. Klaus répondait invariablement : « Quitte à se crasher, autant être au volant ».
Après avoir fait le plein de son réservoir (cent trente litres de ce bon vieux carburant fossile), Klaus se mit en route, vers neuf heures, en ce samedi vingt-cinq octobre. Histoire d’être en phase avec le désert alentour, il écouta quelques airs de country larmoyants sur son vieil autoradio Wonderbar, une antiquité sur le point de rendre l’âme.
La météo était excellente. Le soleil, radieux, bombardait le paysage de ses rayons cancérigènes. Pourquoi diable cela mettait-il autant les gens de bonne humeur ? Pour Klaus, c’était un mystère. Lui, il préférait la pluie.
Peu après Nashville, Klaus lança un regard excédé sur sa tocante. Les aiguilles semblaient avancer au ralenti, comme engluées dans la chaleur de l’habitacle… Et cette route, qui n’en finissait pas ! Il s’arrêta dans une station-service Exxon, où il refit le plein ; avant de s’embarquer pour la morne traversée de l’après-midi, il avait bien besoin de se rafraîchir le gosier.
Au bar, il discuta avec un ...