1. Ballade pour un Fossoyeur


    Datte: 10/02/2018, Catégories: vengeance, nonéro, mélo, Humour policier, fantastiqu, roadmovie, Auteur: Hidden Side, Source: Revebebe

    ... roulait trop vite. Il avait heurté le môme.
    
    Les poulets l’avaient pris en chasse, sirènes hurlantes. Un sacré cirque ! Klaus avait réussi à les semer après plusieurs kilomètres. Il s’était garé dans un bois, avait coupé le contact puis était descendu de l’énorme 4x4 à moitié bousillé.
    
    Et là, seulement là, il s’était aperçu que le gamin était épinglé à l’avant de son putain de Hummer, comme un gros papillon de nuit.
    
    Le môme s’était empalé sur une barre de fer, qui émergeait de la calandre torturée. Le pieu métallique l’avait traversé de part en part, au niveau du cœur.
    
    Bon Dieu, mais qu’est-ce qui lui avait pris, à ce gosse, de jouer si tard dans la rue ?
    
    Quand Klaus l’avait décroché, son corps était glacé. Le visage du gamin, étrangement pâle - comme exsangue - s’était gravé dans sa mémoire. De son côté, le tueur avait fait de son mieux pour l’oublier… Peut-être était-ce pour ça qu’il ne l’avait pas reconnu sur la photo, tout à l’heure.
    
    À présent, il n’y avait plus de doute. C’était bien le même gamin…
    
    Dès la semaine suivante, Klaus, se jurant de ne plus jamais refaire d’excès de vitesse, avait changé de bagnole. Il avait acheté ce vieux tas de boue. Sa Cadillac Deville 1976.
    
    Il se revoyait, en train de l’essayer pour la première fois. En train de caresser les sièges de satin rouge… Non ! Les sièges étaient en cuir, bon Dieu ! Aussi noirs que la voiture…
    
    Klaus se rappelait bien de l’habitacle. Alors, pourquoi diable lui semblait-il si exigu, tout ...
    ... à coup ? Et cette position de conduite, comme s’il était allongé sous le volant… À quoi tout cela rimait-il !?
    
    — Un cercueil sur roues, Klaus, crut-il entendre chuchoter à son oreille.
    
    Il prit soudain conscience de l’obscurité qui l’avait enseveli.
    
    Il n’était plus dans la Cadillac ; le rêve s’était dilué, remplacé par une réalité horrible et définitive.
    
    Klaus comprit enfin où il se trouvait. Tout à coup, il sut qu’il ne reprendrait plus jamais la route de Memphis.
    
    Dans la cour d’honneur du manoir, il y avait une tombe, fraîchement recouverte. Durant près d’une heure, des cris assourdis s’en élevèrent. Puis, comme à regret, les hurlements se turent.
    
    Ils furent remplacés par un bruit bien plus terrible. Un rire. Gras. Désespéré.
    
    Le rire dément d’un fossoyeur. Un rire de plus en plus éraillé, qui bientôt ne fut plus qu’un murmure…
    
    - Épilogue -
    
    Eddy n’avait aucun respect pour ses semblables. Pas plus qu’il n’accordait de valeur à une vie humaine. Cet homme de soixante-douze ans ne se cherchait pas de circonstances atténuantes, il n’était pas de ceux qui ont besoin de justifier leurs actes. Il tuait. Sur contrat. Un point c’est tout.
    
    Contrairement à Klaus, Eddy ne voyait aucune objection à « traiter » ses propres relations. Y compris ceux qui le prenaient pour un ami. C’était des cibles comme les autres. Il suffisait de se concentrer un peu plus sur la technique, la « perfection » du geste meurtrier… Le plaisir était moins grand, mais en général ça ...