1. La Veuve et le Bouc


    Datte: 26/10/2018, Catégories: fh, couleurs, frousses, vengeance, pénétratio, fsodo, Humour Auteur: Ali Henné, Source: Revebebe

    ... qu’elle qui ressemble à un satyre échappé d’une sculpture grecque et dégage le même excès troublant de virilité.
    
    — Je suis Sophie Ramirez, dit-elle sans quitter son siège ni lui en proposer un. Que veux-tu ?
    
    Sa voix ne correspond pas à son physique, elle est un peu trop haut perchée, un peu vulgaire. Le ton est autoritaire, désagréable.
    
    — Je m’appelle Brahim et j’ai une information à te donner, mais pas devant ta domestique
    — D’accord, Aïcha tu sors mais tu restes à portée de voix. Et toi n’oublie pas qu’ici, c’est moi la patronne. Je t’interdis de me tutoyer. Dis-moi vite ce qui t’amène, j’aimerais me coucher bientôt
    
    « Là, tu ne vas pas être déçue », pense Brahim, qui reprend à haute voix :
    
    — Quand Achaoui a brûlé ta vigne il y a trois mois, tu as promis de donner ce qu’il voudrait à qui te ramènerait sa tête. Alors je suis parti à sa recherche. Pendant des jours j’ai suivi sa trace et celle de sa bande. Et ce matin je l’ai rencontré alors qu’il se promenait seul. On s’est battu au couteau et il a perdu.
    
    La veuve en a le souffle coupé et en oublie du coup le tutoiement persistant. Elle se rappelle sa fureur devant ses ceps transformés en charbon de bois, mais sa menace et sa promesse ont été faites sous le coup de la colère et elle n’y pense plus depuis longtemps. Et voilà que ce type vient lui dire qu’il a tué sur son ordre. Et qu’il en rajoute :
    
    — J’ai coupé sa tête comme tu le voulais, je l’ai cachée et je suis allé au hammam pour me nettoyer du ...
    ... sang. Ce soir j’en suis sorti et je suis venu t’amener ce que tu demandais
    
    Il brandit le sac de jute sous le nez de la veuve horrifiée. Elle pousse un cri étranglé en apercevant à l’intérieur une grosse boule enveloppée dans un linge souillé. Sans tenir compte de son émoi son visiteur entrouvre ce linge sur une barbe grise prolongeant une masse sanguinolente. C’en est trop pour la jeune femme qui ouvre la bouche pour pousser un hurlement que l’homme arrête en la bâillonnant d’une main ferme.
    
    — Tais-toi, femme, si quelqu’un vient il saura que tu as fait tuer ton ennemi et tu auras des ennuis avec les gendarmes
    — Retire ce sac de sous mes yeux
    
    L’homme hausse les épaules et dépose le sac dans un coin sombre de la pièce.
    
    — Non, va le mettre dehors, n’importe où, tiens, dans le bûcher à bois derrière la maison
    — Après je reviens pour la récompense
    — Si tu veux, mais emporte cette chose
    
    Restée seule, Sophie Rodriguez se laisse retomber sur sa chaise avec un gémissement. La voilà dans de beaux draps. Elle ne pleure pas du tout l’incendiaire qui n’a eu que ce qu’il méritait. Mais ce Brahim lui parait un type dangereux qui a entre les mains le moyen de lui soutirer un maximum d’argent. Elle aurait dû garder la tête et la détruire, mais c’était vraiment au-dessus de ses forces. On verra ça demain. En attendant, que le tueur touche sa récompense et qu’il s’en aille.
    
    Elle a retrouvé tout son calme. Un petit secrétaire en acajou renferme un tiroir secret qu’elle fait ...
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