1. La Veuve et le Bouc


    Datte: 26/10/2018, Catégories: fh, couleurs, frousses, vengeance, pénétratio, fsodo, Humour Auteur: Ali Henné, Source: Revebebe

    Désolé pour les zoophiles, ils risquent d’être déçus.
    
    Brahim se rhabille sans hâte, totalement détendu par ce long moment passé au hammam. Il enfile un sarouel ample, couvre son torse d’une chemisette sans manches largement échancrée, s’enroule dans sa djellaba. La nuit est en train de tomber. Devant la porte, le vieux mendiant aveugle reconnaît son pas et profère en entendant le tintement d’une piécette devant lui « Tiens, il y avait longtemps que tu n’étais pas venu. Que Dieu te bénisse, Abuukir. »
    
    « Abuukir », le bouc en berbère. C’est un surnom rituel qu’il doit depuis son adolescence à ses yeux en amande trop clairs, ses pommettes saillantes, son nez busqué et sa petite barbiche. Un aspect faunesque qui a troublé plus d’une femme se rendant à la fontaine. D’où quelques occasions dont il a su profiter malgré les risques dans cette Kabylie de 1950 où les maris vengent leurs cornes à coups de couteaux ou de fusils de chasse.
    
    Il sort du village et gagne les vignobles. La carcasse décapitée est toujours là. Il dégage quelques pierres et retrouve le sac de jute dans le trou de terre où il l’a caché. Avec un sourire gouailleur il reprend sa route en direction de la grande maison blanche qu’on discerne encore dans le crépuscule à un kilomètre de distance.
    
    C’est le centre d’un grand domaine viticole, dirigé par une jeune femme d’une trentaine d’année, Sophie Ramirez, que tout le monde appelle « La Veuve » depuis qu’elle a perdu son mari dans un accident de voiture. ...
    ... Elle dirige seule, depuis deux ans, la propriété d’une main de fer. Une bande de bandits d’honneur qui court impunément les montagnes proches a tenté de la racketter. En guise de réponse elle a recruté des gardes armés. Et quand en représailles son meilleur coteau de vigne a été brûlé elle a promis à qui voulait l’entendre qu’elle accorderait tout ce qu’il voulait à celui qui lui rapporterait la tête d’Achaoui, le chef de la bande.
    
    Assis à flanc de vigne un garde voit Brahim approcher de la maison. Il n’intervient pas : le type est seul et sans arme, avec juste un petit baluchon. Le visiteur a toute latitude d’arriver à la porte du bâtiment et de frapper avec le marteau de bronze en forme de grappe. Une grosse servante entrouvre l’huis en lui demandant ce qu’il veut à cette heure tardive.
    
    Il lui adresse son sourire charmeur qui en a fait fondre plus d’une et lui répond
    
    — J’ai une livraison que ta dame attend depuis longtemps. Mais je ne la donnerai qu’à elle.
    — C’est quoi, Aïcha, s’informe une voix de l’intérieur.
    — Un homme qui a une livraison pour vous, Madame
    — Eh bien, fais-le entrer
    
    Brahim est introduit dans un petit salon où la maîtresse de maison est en train d’examiner des registres chargés de colonnes de chiffres. C’est la première fois qu’il la voit : une petite rouquine à la peau crémeuse, avec tout ce qu’il faut de rondeurs aux endroits stratégiques et une bouche charnue des plus évocatrices. Elle, de son côté, détaille ce grand gars un plus âgé ...
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