1. Et si les grands magasins... / Le dépôt


    Datte: 16/10/2018, Catégories: fh, magasin, amour, tutu, poésie, Auteur: Louise Gabriel, Source: Revebebe

    Mon prince, il faut que je parte en promenade avec toi. Ce matin, le ciel a daigné être un rien plus bleu – enfin, pas bien longtemps. Mais ce léger turquoise m’a donné une envie de balade.
    
    Alors le lieu sera peut-être un peu facile finalement, un peu convenu, mais il me plaît bien, ce soupçon d’inconfort, la dureté des lumières artificielles, le brouhaha de foule de ces endroits-là les jours de solde, décor de notre abandon.
    
    Ton amour est vacance, et toi aussi. Interdiction de se voir chez toi, durant cette trêve, tu te dois de prendre soin de lui, il se doit de prendre soin de toi, et je ne suis qu’une cliente, la seule, certes, mais cliente tout de même.
    
    J’accepte ton besoin d’air. Tu es au bord de la mer, et c’est très bien, j’en suis très heureuse pour toi, pour vous, un grand bol d’oxygène et d’iode, rien de tel pour vous remettre en forme. Et puis, mes petites promenades ne nécessitent aucun déplacement, elles ont ce magnifique avantage d’être possibles en tout lieu, même assis devant l’écran d’un ordinateur, dans la cuisine, comme moi en ce moment, avec seulement le chant des piafs et les aboiements de mes chiens au passage du facteur (qui te plairait, il me semble, un rien crevette sur sa bicyclette) pour me distraire de l’écriture.
    
    Un message rapide pour te donner rendez vous. Les textos sont notre mode habituel de communication, tu étais écrivain et tu l’es sans doute encore, et pour moi aussi cela est plus facile. Ils offrent la liberté de ne jamais ...
    ... être obligatoires, tu lis, tu ne lis pas, comme bon te semble. Mais tu lis toujours, tu réponds toujours.
    
    On se retrouve donc devant les portes battantes de notre futur terrain de jeu de l’après-midi. Il avait été convenu que notre vêtement pour la journée offrirait les facilités de l’habillage/déshabillage. Tu portes un pantalon de jogging, une chemise près du corps et rien d’autre. Moi, je me suis fait un rien plus féminine (une fois n’est pas coutume), et puis ma longue robe noire est ce que j’ai trouvé de plus facile, une sorte de cachette à délices.
    
    Un regard, un baiser, et aussi notre sacro-saint petit café, pour reprendre contact, pour basculer, pour laisser le temps au désir de se délier, pour le plaisir de planter mes yeux dans les tiens et voir naître l’envie.
    
    Parce que moi, l’envie, je l’ai déjà. Et depuis longtemps. Je l’ai même savamment calculée, elle déroule son scénario depuis belle lurette dans ma tête, parce qu’après tous les empêchements de ces derniers mois – puisqu’il s’agit de mois, maintenant – j’ai eu tout le loisir de la peaufiner, ma mise en scène. Alors, si le temps n’existe pas comme tu me l’as souvent répété, il m’a semblé une éternité et je l’ai habilement comblé avec mes rêves, à ne plus dormir du tout, alors qu’il aurait fallu l’inverse.
    
    J’aime continuer à l’étendre à l’infini, encore, et encore, qu’elle devienne brûlure, qu’elle finisse même par quitter ma tête, qu’elle me fasse perdre la tête, qu’elle devienne incontrôlable, qu’elle ...
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