Véro et Didi
Datte: 14/10/2018,
Catégories:
fh,
fplusag,
campagne,
pénétratio,
inithf,
Auteur: Pascal Laurent, Source: Revebebe
... le match aurait dû finir et vous nous reprendrez, sinon tu vas rentrer avant nous et les parents vont se demander où on est. Hé, t’as de la chance, tu vas passer presque deux heures avec madame Dutertre, tu vas pouvoir lui faire du gringue ! Petit veinard, elle est super bien roulée ; tu nous raconteras ! » et ils sont partis en rigolant.
Il se tait d’un coup. Il se rend compte qu’il en a trop dit, sa colère l’a fait sortir du rôle de simple émissaire et il a exprimé ce qu’il avait sur le cœur. Ça l’a certainement soulagé, mais maintenant, sa gêne est revenue d’un coup, et même accentuée par ce qu’il vient de dire.
Alors qu’en ce qui me concerne, ce brusque accès de colère me l’a fait considérer tout autrement. Il y a quelqu’un dans cette enveloppe de grand timide, quelqu’un qui vit une histoire pas simple. Et moi, les histoires, je vous l’ai peut-être déjà dit, ça me touche. Je le regarde pour la première fois ; jusqu’alors, il était dans mon champ visuel, que ce soit aujourd’hui ou auparavant, mais je ne le voyais pas. Je ne lui ai jamais vraiment parlé, il était avec les autres, ou plutôt derrière les autres. J’aurais été bien en peine de le décrire. Et en fait, maintenant que mon attention se porte vraiment sur lui, je me rends compte qu’il a un genre très différent de celui qui me fait craquer habituellement. Moi, c’est plutôt le costaud sportif et extraverti, mais attention, tendre ! Comme mon mari… et d’autres. Oui, je suis attirée par ce type d’hommes, mais pas ...
... exclusivement.
Ainsi, je découvre chez Didi un feu intérieur, une fougue dont il est difficile de soupçonner l’existence tant il se contient et dissimule tout. Je me dis que ce garçon a besoin d’un coup de pouce, il doit sortir de sa chrysalide. Mon Jean-Jean de mari dirait : « Ça y est ! Revoilà Sainte Véro, la patronne des causes perdues ! »
Il a raison. Je ne suis pas infirmière psy par accident, j’ai besoin d’aider les autres et j’ai la conviction de pouvoir faire quelque chose pour ce garçon. Mais attention, il va me falloir la jouer finement, ne pas le brusquer pour découvrir ce qui coince chez lui. Je me dis qu’il serait peut-être intéressant d’exploiter cette colère qui n’a fait qu’affleurer brièvement et de voir où elle mène. Je lui réponds donc :
— Ah bon ! Ils ont dit ça ? Eh ben, ils vont voir ! D’abord, ils sont partis où, ces…
Mais là, mon Didi s’inquiète de ma colère qu’il a involontairement provoquée :
— Euh… pourquoi ? Vous voulez aller les rechercher ? J’aurais pas dû vous dire ça ! Si on va les rejoindre, ils vont me faire la tête…
Lui faire la tête ? Ses copains lui ont fait une vacherie et il a peur qu’ils lui en veuillent ! Pas étonnant qu’ils se comportent mal avec lui : il en redemande !
— Mais non, Didi, au contraire. Si je vous demande où ils sont, c’est justement pour les éviter. On va jouer le jeu, on va attendre l’heure de fin du match pour rentrer, mais en attendant, on va aller dans un endroit sympa et prendre un peu de bon ...