JN0203 Une route longue et sinueuse.
Datte: 27/09/2018,
Catégories:
Entre-nous,
Les hommes,
Auteur: Fab75du31, Source: Hds
... ailleurs… » fait Julien.
« Ok, allez vous faire voir tous les deux ! » nous balance le mec, en repartant bredouille et un tantinet agacé.
« Tu l’avais vu venir ? » je demande à Julien.
« Il a commencé à me mater dès que je suis arrivé… mais je n’aurais jamais pensé qu’il aurait le cran de venir me brancher… surtout que je suis avec toi… ».
« Et toi, tu ne l’as pas un peu cherché ? ».
« Non, pas du tout… ».
« Tu parles… tu savais très bien en venant ici que tu ne serais pas passé inaperçu… ».
« Nico, promets-moi d’aller voir ton rugbyman… » il change de sujet « tu crèves d’envie d’y aller et tu as surtout besoin d’entendre ce qu’il a à te dire… ».
Définitivement, avec Julien, j’ai gagné un pote. Ses mots me portent pendant le trajet de retour vers la maison, alors que le vent d’Autan a repris à souffler de plus belle, secouant les cimes des arbres, brassant les feuilles mortes au sol.
Je me sens léger, j’ai envie d’envoyer un sms à Jérém pour lui confirmer ma venue ; pourtant, quelque chose m’en empêche : car, au fur et à mesure que je m’éloigne de Julien, une sorte de bataille commence à faire rage dans mon cœur.
D’un côté, il y a mon amour, cet amour qui fait que j’ai une envie folle de le revoir, de croire à la sincérité de ses mots, de croire aux promesses de cette voix privée de toute arrogance, de cette attitude si différente de celle que je lui connais, ponctuée par de touchantes hésitations ; de l’autre côté, il y a mon amour propre, ...
... celui qui a peur de replonger, celui qui ne veut retomber dans le piège de se créer de nouveaux espoirs, de nouvelles attentes que Jérém pourrait briser à la première occasion ; cet amour propre qui veut me protéger.
Lorsque je me réveille le lendemain matin, vendredi, le tiraillement entre mon amour et mon amour propre est toujours là, je ne sais toujours pas si je vais partir.
Il est 7h30 lorsque j’ouvre les yeux, puis les volets, et je découvre une journée grise et froide, un ciel de plomb d’où tombent des cordes.
Je reste longuement à regarder la pluie incessante, je passe la matinée à ressasser les mots de Julien, ainsi que les échanges, les émotions et les frissons provoqués par le coup de fil de Jérém.
Il est 11h37, lorsque la seule décision possible s’impose à mon esprit : je passe un coup de fil à Bordeaux, j’invente un bobard ; lorsque je raccroche, je prends mon courage à deux mains et je vais voir maman.
« Un pote m’a invité à aller le rejoindre chez lui ce week-end… » j’attaque droit au but.
« Mais il y a la visite de ton appart demain matin ! ».
« Je n’ai pas oublié, maman… j’ai appelé le proprio, et il accepte de me rencontrer vendredi prochain… ».
« Vendredi prochain, je ne sais pas si je pourrai t’amener… ».
« C’est pas grave, j’irai en train… ».
« C’est qui ce pote ? ».
« Un camarade de lycée… ».
« C’est celui que j’ai vu l’autre jour ? ».
« Oui, c’est lui… ».
« Jérémie, c’est ça ? ».
« Oui, c’est ça… ».
« Vous ...