1. JN0203 Une route longue et sinueuse.


    Datte: 27/09/2018, Catégories: Entre-nous, Les hommes, Auteur: Fab75du31, Source: Hds

    ... ».
    
    En quelques mots, je lui raconte le coup de fil de Jérém, ses « presque excuses » vis-à-vis de son comportement à mon égard, son invitation à le rejoindre dans les Pyrénées, dès le lendemain ; et aussi mes réticences à envisager ces retrouvailles, après tout ce qui s’est passé, ma peur d’entendre ce qu’il a à m’annoncer, la peur de souffrir encore, la peur de rouvrir une plaie qui a déjà tant de mal à cicatriser.
    
    Julien me laisse parler, sans m’interrompre, impassible, ses yeux coquins plantés dans les miens ; puis, après avoir bu une bonne gorgée de la bière qu’on vient de lui apporter, il me balance, les yeux dans les yeux :
    
    « Mais ta gueule, Nico ! ».
    
    « Quoi, ma gueule ? ».
    
    « Mais putain, tu meurs d’envie d’y aller, ça crève les yeux ! ».
    
    « C’est vrai… ».
    
    « Alors, vas-y, putain ! Fonce ! ».
    
    « Je ne peux pas, j’ai la visite pour l’appart à Bordeaux ce week-end… ».
    
    « Tu t’en bats les couilles, tu appelles le proprio, tu inventes un bobard, et tu files voir ton rugbyman… ».
    
    « Je ne peux pas faire ça… ».
    
    « Putain, Nico… bien sur que tu peux faire ça ! Si tu es fou de ce mec comme tu le prétends, tu peux faire ça ! Tu dois y aller, tu DOIS y ALLER ! La vie, t’offre une occasion unique, ton mec te tend une perche monumentale, tu ne peux pas la laisser passer ! Parfois, il faut savoir forcer le destin, bon sang ! ».
    
    Je sais que Julien a raison. Je savais ce qu’il allait me dire avant même qu’il ne débarque. Mais ça fait du bien de ...
    ... l’entendre.
    
    « Attention, on va avoir de la visite… » me prévient discrètement Julien, les sourcils en chapeau, une étincelle bien coquine dans le regard.
    
    « Bonsoir beau mec… ».
    
    Sans que je l’aie vu venir, un mec vient d’approcher de notre table. Il est brun, plutôt fin, il a un beau visage, avec le charme intense de son âge, la vingtaine, un regard qui dévisage, ce petit con de Julien.
    
    « Bonsoir » fait ce dernier, un sourire ravageur au coin des yeux, au coin des lèvres.
    
    « Bonsoir… » je lâche à mon tour, juste pour signaler ma présence.
    
    « Ah, oui, bonsoir… » il se rattrape maladroitement ; puis, il s’adresse à nouveau à Julien « t’as pas arrêté de me mater depuis que t’es arrivé… ».
    
    « Tu veux dire plutôt que c’est toi qui n’a pas arrêté de me mater depuis que je suis arrivé… ».
    
    « C’est exact… » avoue l’inconnu, tout en affichant un petit sourire fripon.
    
    « Normal, je suis bogoss… » fait Julien, bomec et fier de l’être.
    
    « Tu ne te la pètes pas un peu, avec tes airs de bogoss ? ».
    
    « Oui, je me kiffe, je n’y peux rien… ».
    
    « Moi aussi je te kiffe… ».
    
    « Ça, j’avais compris… ».
    
    « Alors, si tu veux qu’on aille faire un tour là-bas (l’inconnu plie la tête en direction de la porte des toilettes dans un coin de la salle), tu vas pas le regretter… ».
    
    « Ça a le mérite d’être clair… ».
    
    « Alors, tu en dis quoi ? ».
    
    « Je dis non… désolé mon pote… je ne cherche pas des aventures avec des mecs… ».
    
    « T’es qu’un allumeur, alors… ».
    
    « Va voir ...
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