JN0203 Une route longue et sinueuse.
Datte: 27/09/2018,
Catégories:
Entre-nous,
Les hommes,
Auteur: Fab75du31, Source: Hds
... colère fille de frustration face à cette barrière invisible infranchissable qui nous sépare.
« On n’y arrivera vraiment jamais, alors… ».
« Je ne peux pas Nico, je ne peux pas… ».
« Tu m’énerves Jérém » je finis par lui balancer « … je ne sais même pas pourquoi je suis là… je n’aurais pas dû venir… ».
« Ne dis pas ça… ».
« Tu ne veux pas d’une relation, mais je crois surtout que tu n’es pas prêt à assumer qui tu es et ce dont tu as envie… alors, ça rime à quoi tout ça ? Pourquoi tu m’as fait venir, pourquoi ??? Tu ne m’as pas fait assez de mal ?!?! ».
Nouveau silence de sa part. J’ai envie de lui dire tant de choses et pourtant tous les mots du monde me semblent impuissants à le toucher, à le convaincre à vaincre ses peurs, à lui donner confiance en « nous ».
« Ça veut dire quoi MonNico ? » je lui balance de but en blanc, sans réfléchir.
« De quoi ? ».
« La fois où je t’ai appelé, quelques jours avant ton accident, j’ai entendu cette nana te demander : « C’est qui MonNico ? » ; alors, je te demande ce que ça veut dire MonNico… si toutefois ça veut dire quelque chose… ».
Jérém ne répond pas, il continue de fumer sa cigarette. C’en est trop pour moi.
« Va te faire voir, Jérém, je me tire ! » je lui balance, tout en me retournant pour repartir, en essayant de retenir mes larmes.
Je n’ai pas fait un pas que je sens sa main attraper mon avant-bras, m’obligeant à me retourner.
« Attends, Nico… ».
« Lâche-moi ! » je lui lance sèchement, ...
... tout en me dégageant de sa prise et en repartant vers la voiture.
Et là, Jérém m’attrape une nouvelle fois par l’avant-bras, la puissance de sa prise traduisant sa détermination ; une nouvelle fois, il m’oblige à m’arrêter, à me retourner ; et cette fois-ci, son mouvement m’attire vers lui.
Je me retrouve les épaules collées contre le mur en pierre, enveloppé par son parfum qui me met en orbite, ses yeux noirs pleins de feu plantés dans les miens, nos nez à vingt centimètres l’un de l’autre.
Sa pomme d’Adam s’agite nerveusement ; dans son regard, une étincelle que je lui connais bien, une flamme incandescente qui ressemble et tout et pour tout à celle qui brûlait dans son regard pendant la semaine magique ; la même, mais avec plus d’intensité, car mélangée à une sorte d’angoisse, de peur.
Le temps est comme suspendu, figé ; comme si plus rien n’existait au monde, à part nos regards qui se cherchent, s’aimantent.
Un grand homme disparu a dit : il y a des jours, des mois, des années interminables où il ne se passe presque rien ; et puis il y a des minutes et des secondes qui contiennent tout un monde.
Et ce monde, ce nouveau monde, je l’ai vu, à cet instant précis, dans son regard.
Sa main glisse doucement derrière ma nuque, sa paume est si chaude, si délicate, elle fait plier légèrement mon cou ; le sien se plie aussi, et nos visages se rapprochent : jusqu’à ce que ses lèvres tremblantes se posent sur les miennes. Puis, très vite, son baiser se fait plus ...