1. JN0203 Une route longue et sinueuse.


    Datte: 27/09/2018, Catégories: Entre-nous, Les hommes, Auteur: Fab75du31, Source: Hds

    ... savoir si à toi ça te suffirait… ».
    
    « Je n’ai pas le choix, Nico… Paris c’est loin, et là-bas ça va être impossible de vivre ça… ».
    
    « Oui ou non ? Réponds à ma question ! » je m’emporte.
    
    « Il n’y a pas de solution… ».
    
    « OUI ou NON ??? ».
    
    « Non ! » il finit par lâcher, un « NON ! » claquant, définitif.
    
    Un nouveau silence suit ce petit coup de tonnerre, cet éclair qui vient de me foudroyer.
    
    « Non, ça me suffit pas… » il reprend, le regard fuyant, l’air remué comme jamais « mais c’est comme ça, je n’y peux rien, Nico… ».
    
    « En gros, tu m’as fait venir pour me dire adieu… ».
    
    « Je voulais m’excuser pour mes mots et mon comportement des dernières fois qu’on s’est vus… je suis désolé de t’avoir frappé… ».
    
    « Je t’ai frappé en premier… ».
    
    « Je l’avais bien cherché… je suis aussi désolé de t’avoir foutu la honte avec ce gars la dernière fois… tu as le droit de voir qui tu veux, bien sûr, et je n’ai pas le droit de te demander des comptes… ».
    
    « Ce gars n’est personne pour moi ! Si je suis sorti ce soir-là, si je me suis laissé embarquer par ce mec, c’était pour ne pas rester seul, pour essayer d’arrêter de ressasser ce qui s’était passé entre nous… j’étais tellement malade quand tu m’as quitté… je pensais que tu étais passé à autre chose, je croyais que je ne te reverrais jamais… et pourtant, quand je t’ai croisé sur les allées, je n’avais qu’une envie… ».
    
    Je suis à nouveau submergé par l’émotion, mes mots se coincent dans ma gorge.
    
    « Quelle ...
    ... envie ? ».
    
    « Celle de laisser tomber Martin et de repartir avec toi… mais t’as été tellement relou, tellement mauvais… ».
    
    « J’ai été nul… ».
    
    Ses excuses tardives, ce sentiment de gâchis, de nous être ratés tant de fois, sa façon de baisser les bras face aux obstacles que la vie est en train de mettre entre nous : je suis dégoûté, j’ai envie de pleurer et de m’enfuir ; je ne sais plus quoi lui retorquer, je me sens désemparé, aucun mot me vient à l’esprit : j’ai juste envie de repartir et de m’enfermer dans ma chambre pour pleurer.
    
    Je regarde Jérém et j’ai impression qu’il est dégoûté tout autant que moi : il respire bruyamment, il ne tient pas en place, il semble trépigner, on dirait qu’il tape du sabot comme un petit taureau dans l’arène, mais un petit taureau plutôt nerveux qu’énervé ; comme s’il avait des trucs à me dire et qu’il se faisait violence pour ne pas les lâcher.
    
    J’ai terriblement envie de l’embrasser : alors, sans plus réfléchir, j’avance vers lui et je l’embrasse. Et à l’instant même où je retrouve la chaleur et la douceur de ses lèvres, une décharge électrique parcourt ma colonne vertébrale, j’ai l’impression de changer de dimension, d’être soudainement projeté dans un monde de bonheur absolu où nous serions plus que tous les deux, où tout serait simple et beau.
    
    Hélas, la décharge de bonheur est de courte durée : elle est stoppée net par l’attitude de Jérém, qui fait un pas en arrière pour se dérober à mes lèvres.
    
    Je sens ma colère monter, ...