1. JN0203 Une route longue et sinueuse.


    Datte: 27/09/2018, Catégories: Entre-nous, Les hommes, Auteur: Fab75du31, Source: Hds

    ... avais donné une fois, pour qu’il arrête de me faire chier. Il avait fumé son paquet et il était revenu à la charge ; il m’avait coincé un soir, dans un couloir de l’hôtel où nous séjournions. Je ne voulais plus lui donner d’argent et le type me menaçait pour me faire céder.
    
    Et là, Jérém avait débarqué, lui avait filé des clopes et il lui avait bien mis les points sur les « I » :
    
    « Demain tu t’achètes des clopes et tu arrêtes de lui casser les couilles, c’est compris ?! ».
    
    « Ok, ok, t’énerves pas… ».
    
    Sur ce, Laurent s’était tiré, tout comme Jérém. Je l’avais regardé s’éloigner dans le couloir alors que j’avais tellement envie de le retenir.
    
    « Merci, Jérémie ! » je lui avais lancé, le cœur qui battait à tout rompre.
    
    Le bogoss ne s’était même pas retourné, se limitant à me lancer un geste de la main qui semblait signifier : « c’est rien, laisse tomber », juste avant de disparaître au tournant du couloir.
    
    Le dernier souvenir de ce voyage est celui du trajet retour, de nuit, le souvenir de Jérém endormi, avec la tête posée sur mes cuisses !
    
    Et c’est à la fois un moment de pur bonheur et d’immense angoisse.
    
    Tout s’emmêle dans ma tête, j’ai peur de mes sentiments.
    
    Malgré cela, j’ai hâte de retrouver Jérémie en cours… **
    
    Je suis tellement happé par mes souvenirs que je finis par me tromper de route : sans vraiment savoir comment, je me retrouve dans un bled du nom de Ponlat Taillebourg.
    
    Au village, je dois m’arrêter à un passage piéton : une femme ...
    ... blonde, tenant d’une main un gosse de 4-5 ans, blond et aux grand yeux clairs, et de l’autre main la laisse d’un gros labrador chocolat tout mouillé, est en train de traverser la route.
    
    Je profite de l’arrêt pour ouvrir la vitre et prendre un peu l’air, tout en suivant le petit sketch qui se joue devant mes yeux.
    
    La scène est assez hilarante car, tout autant le gosse que le labrador semblent se démener pour tenter d’échapper au contrôle de la femme, pour sauter de flaque en flaque ; le gosse pousse des cris aigus pour exciter le labrador, ce qui a l’air de bien marcher.
    
    « Jordan, arrête d’embêter Attila… et toi, Attila, avance ! » je l’entends la femme tenter de maîtriser à la fois l’enfant et l’animal, l’air à la fois débordée et amusée par cette petite mutinerie.
    
    Je quitte le petit village et je mets le cap sur Montréjeau. Campan approche à grand pas, j’ai l’impression que mon cœur a des ratés.
    
    Désormais, la montagne s’annonce aussi par le changement des cultures : le maïs de la plaine de Garonne laisse la place aux prairies posées sur des pente de plus en plus prononcées ; par endroits, des vaches ou des brebis paissent sans même calculer la pluie qui ne cesse de tomber.
    
    Plus j’approche de ma destination, plus je me sens agité, fiévreux, tendu : heureusement, les souvenirs occupent mon esprit.
    
    Je repense à ce fameux soir à l’Esméralda où, une fois encore, Jérém était venu à mon secours, alors qu’un type bourré dans les chiottes exigeait une pipe, sans ...
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