Mon patron, cet abruti (6 / 7)
Datte: 25/09/2018,
Catégories:
photofilm,
nonéro,
policier,
Auteur: Anne Grossbahn, Source: Revebebe
... pourraient tomber en de bien mauvaises mains. Vais-je bien les trouver lundi ou mardi dans votre boîte aux lettres, mademoiselle Lang ? Ne m’avez-vous pas raconté des blagues ? Et si vous m’avez dit vrai, peut-on accorder une confiance aveugle aux services postaux ?
Cheryl se contente de hausser les épaules. Elle a sans doute enfin compris que parole rime avec torgnole, et qu’interrompre Hubert Darville est une entreprise à risques.
— Je n’ai guère plus de confiance en vous que vous n’en avez en moi, mademoiselle Lang. Aussi ai-je choisi d’assurer mes arrières en joignant l’utile à l’agréable. Puisque vous m’avez subtilisé des images compromettantes, j’ai décidé, à titre de précaution, de les remplacer par d’autres. Qu’en dites-vous ?
Visiblement, Cheryl a décidé de ne plus émettre le moindre commentaire ! Comme rien ne m’a été demandé, je décide également de tenir ma langue. Pendant ce temps, je vois l’homme en salopette qui déplace les trépieds, sur lesquels trônent des caméras vidéo, et mes tripes commences à jouer au yo-yo.
— Bien sûr, j’en détiens déjà quelques belles vous concernant, reprend Darville en regardant Cheryl, mais votre amie, elle…
— Laissez-la tranquille ! jette soudain ma collègue. Elle n’est pas au courant de vos manigances !
— Hélas ! Je n’en crois pas un mot, mademoiselle Lang.
Darville tourne vers moi un visage qu’il tente de faire paraître peiné.
— Je suis désolé pour vous, Marielle, mais je vais avoir besoin de vos talents de ...
... comédienne.
Mes yeux s’agrandissent. Où a-t-il été pêcher que j’avais des talents de comédienne ? J’avale ma salive et tente la bravade.
— Je sais, dis-je, méprisante. Vous aimez le cinéma !
— J’aime assez, oui. Mais en ce qui vous concerne, j’aurais préféré ne pas en arriver là. Je suis désolé, croyez-moi… Sincèrement désolé…
Pour un peu, il se prendrait à chialer !
— Vous voulez mon mouchoir ?
Je sais que ce n’est pas très malin de lui dire ça, mais ça m’a échappé. Il continue à secouer la tête et, comme s’il se parlait à lui-même :
— Vraiment désolé…
— Vous n’êtes pas obligé, vous savez…
Il se ressaisit et me fixe.
— Non, ma décision est prise.
Il se tourne ensuite vers les autres :
— Installez les caméras.
— Vous allez encore jouer au petit chien ?
J’ai jeté ça comme ça, d’une voix tremblante, car je suis morte de trouille, mais le sarcasme fait son petit effet : je vois le visage de Darville changer de couleur, alors, avec témérité, je poursuis :
— Vous allez encore faire wouf wouf ?
Il se soulève de sa chaise, et je le sens prêt à en venir aux manières brutales, mais il se contient.
— Vous n’osez pas me gifler ?
Ma téméraire provocation le fait se lever d’un bond, mais au lieu de se jeter sur moi, il s’avance sur Cheryl, qui se protège le visage de ses bras.
Il s’immobilise devant nous, nous toisant de sa hauteur.
— Je ne vous giflerai pas, non, Marielle Saintjean. Je préfère garder votre visage intact, afin qu’on vous ...