Amours
Datte: 24/09/2018,
Catégories:
hhh,
copains,
vacances,
bain,
bateau,
amour,
cérébral,
hsodo,
historique,
Auteur: Claude71, Source: Revebebe
... comme à son habitude.
— Faut que j’vous embrasse ! cria soudain Martial. Garder mon Maurice près de moi. Quel bonheur !
— J’sais pas si j’vais accepter, répliqua Fifine. Tu m’voles le Momo mais j’y savais bien qu’il allait pas rester vers moi toute sa vie. J’suis contente qu’il a trouvé un gars comme toi. À Paris, y’aura bien du boulot pour lui. Et maintenant, les enfants, au turbin, y’a du monde qu’attend !
— Oui, maman ! répondirent-ils en cœur.
Surprise, Fifine écrasa une larme. Elle qui n’avait jamais pu avoir d’enfants se trouvait à la tête d’une tribu de six garnements dont elle avait fait le bonheur sans vraiment s’en rendre compte.
Le lundi, Michel et Marcel se rendirent à Chalon pour prendre possession de la péniche. Ils se mirent d’accord avec la propriétaire et lui firent bonne impression. Elle était rassurée par la présence de Michel, un jeune homme sérieux qui comprenait vite. Elle lui confia papiers et documents. Marcel montra tout son savoir faire en manœuvrant la péniche avec habileté. C’était un automoteur berrichon facile à manier.
Sur le chemin du retour, pendant que Marcel conduisait le bateau, Michel consultait les cartes, échafaudait le plan de navigation. En partant le lendemain, il faudrait remonter sur Chalon, prendre le canal du Centre jusqu’à Decize. Là, ils avaient le choix entre le canal du Nivernais ou le canal latéral à la Loire.
— Qu’est-ce que tu en penses mon amour, canal du Nivernais ou canal latéral ? demanda-t-il à ...
... Marcel.
— Nivernais, mon cœur. Après, c’est plus rapide de rejoindre la Seine, par le canal de Briare.
— Oui, tu as raison, poussin, canal de Briare, canal du Loing puis la Seine. On sera à temps à Boulogne pour Martial ? Ses vacances se terminent dimanche prochain.
— Oui, si on n’attend pas trop aux écluses, mon chéri. Au pire, on le dépose à Montargis et il prendra le train.
— Ça roule, ou plutôt ça flotte ! J’ai hâte d’être à demain.
Leur arrivée fut saluée par un concert de casseroles auquel se joignirent les cornes de brume des péniches stationnées à proximité. Pour un peu, on se serait cru au Havre, lors du départ d’un transatlantique. Ils passèrent une partie de l’après-midi à déménager leurs affaires. Cette nuit, ils coucheraient dans la péniche. Fifine leur donna des provisions que Michel et Martial voulurent absolument payer.
La soirée fut consacrée aux adieux. Il régnait une étrange atmosphère faite de mélancolie et d’excitation. Ils avaient offert à Fifine un grand châle noir parsemé de petites fleurs rouges. Elle s’en était drapée et, assise dans son fauteuil, elle ressemblait à une reine entourée de ses pages. Elle avait été le catalyseur de leurs amours. Sa tolérance bougonne avait facilité les rencontres. Ils lui en étaient tous reconnaissants.
Certes, Émile et Georges avaient reçu, tacitement, la charge de prendre soin d’elle. On se promettait de s’écrire. Cependant, une page était tournée. Maurice, plus que les autres, avait bien du mal à retenir ses ...