Amours
Datte: 24/09/2018,
Catégories:
hhh,
copains,
vacances,
bain,
bateau,
amour,
cérébral,
hsodo,
historique,
Auteur: Claude71, Source: Revebebe
... corrigea quelques erreurs, régla, par courrier, deux ou trois petits problèmes qui empoisonnaient la vie de Fifine depuis des années. Elle lui donna, tout naturellement, son affection comme elle l’avait fait pour les autres. Il assurait le service avec précision, amabilité. Le monde des mariniers l’intéressait. Les clients répondaient volontiers à ses questions, flattés qu’un instituteur veuille bien les écouter. Il se renseignait discrètement sur les offres d’emplois même s’il était conscient que le métier de Marcel risquait de les séparer.
Le vendredi, Georges, un des musiciens qui animaient les soirées du samedi, leur réserva une surprise. Il était accompagné d’un jeune gars qu’il présenta comme un copain. À Marcel et Maurice, il expliqua qu’il était amoureux fou d’Émile qui le lui rendait bien. Un peu gêné, il leur avoua qu’il ne souhaitait plus partager leur lit comme à l’habitude. Ils éclatèrent de rire, soulagés de ne pas avoir à lui faire le même aveu. Ils racontèrent alors tout ce qui était arrivé depuis lundi. Le Bon Dieu, mais il n’y croyaient plus, arrangeait bien les choses.
Il fallait trouver une solution pour la nuit. Fifine la trouva. Elle cédait sa chambre jusqu’au dimanche. Elle irait à Chalon. Ils pouvaient maintenant se débrouiller sans elle. Il fallait seulement l’emmener. Tous se proposèrent.
Cette fin de semaine fut paradisiaque. Malgré les clients encore nombreux, les longues soirées, ils purent trouver des moments d’intimité. Surtout, ils ...
... savouraient la liberté de s’aimer quand la guinguette se vidait et qu’ils étaient entre eux. Émile en fut fortement impressionné. Il voyait ses camarades s’embrasser, échanger des gestes tendres. C’était la vraie vie, celle dont il avait rêvé. Georges, plus serein, était, de ce fait, plus amoureux. Ce que les censeurs, les moralisateurs auraient considéré, s’ils avaient su, comme un lieu de débauche, un repère du vice, devenait un jardin d’éden.
Dans la nuit du samedi au dimanche, quand les musiciens s’en allèrent, les garçons regagnèrent leurs nids d’amour. Un autre concert pouvait débuter. Il était ponctué de silences, de soupirs. Si la partition semblait la même, les variations étaient infinies. Chaque couple l’interprétait à sa manière.
Émile jouait de sa flûte avec virtuosité. Il mettait beaucoup d’ardeur à embrocher son accordéoniste préféré. Les plus belles fesses de la création décuplaient son désir. Il bandait comme un taureau dès qu’il les apercevait. Il aimait, pour le plus grand plaisir de Georges, sonder leur profondeur, se retirer pour mieux y revenir, enchaîner andante et allegro. L’essentiel était de déclencher, chez son amant, le chant mélodieux du plaisir. Les vocalises de Georges, quand il prenait son pied, l’électrisaient. Aimer prenait alors tout son sens. Tout son être participait à cette fête des corps et des cœurs. Il se sentait utile, indispensable au bonheur de l’autre. Sa propre jouissance, sans être secondaire, ne pouvait s’épanouir qu’à cette ...