État des lieux - Histoires de Sexe

État des lieux

... temps libre, tout bon étudiant sait qu’il doit consacrer une grande partie de son temps libre à du travail personnel.

— Mademoiselle ?

Je redresse la tête. Le régisseur me parle depuis la cour intérieure à travers la fenêtre ouverte.

— Oui ?
— C’est pratique de se parler par la fenêtre.
— Euh, oui en effet…
— La cour est dans un état déplorable ! Il y a des mauvaises herbes partout !

C’est vrai. «Ça et les crottes du chat de la voisine» me dis-je à moi-même.

— Je vais faire procéder à un nettoyage. C’est dommage qu’une si belle cour avec des tomettes se dégrade ainsi.
— C’est gentil à vous, je me suis fait la même réflexion.

En parlant de réflexion, j’aimerais pouvoir réfléchir tranquillement sur mon plan de rédaction… Je regarde fixement mon écran d’ordinateur pour lui signifier que je suis occupée.

— Vous vous y connaissez en informatique ?
— Euh, oui je me débrouille.
— Vous savez faire une présentation dynamique avec des diapositives ?
— Comment ça ?
— C’est pour faire un gros plan sur une image. Vous voyez, j’ai une présentation à faire d’une nouvelle résidence, avec un toit végétalisé.

Merde, pourquoi j’ai dit oui ? J’aurais dû lui mentir et jouer la bille en informatique pour avoir la paix. Je suis trop gentille…

— Faites le tour, je vous montre sur l’écran.

Ça me gêne de discuter à travers la fenêtre, d’autant plus que la cour résonne et qu’on entend tout. Je le sais car quand la voisine téléphone à sa fenêtre tout le monde ...

... profite de la conversation.

Après quelques rapides explications sur les logiciels je peux enfin le mettre à la porte.

— Merci, je reviendrai si j’ai d’autres questions d’informatique.
— Eh bien je vous ferai une facture alors.

Il sourit.

— Ah non, j’échange ! contre des massages, c’est ma passion, dit-il avec un clin d’œil.
— … Au revoir.
— Au revoir mademoiselle, vous êtes charmante.

Je referme aussitôt la porte pour ne pas lui montrer le rouge qui me monte aux joues. Ouf ! J’ai cru qu’il n’allait jamais partir !

***

Quelques semaines plus tard, je prends mon courage et mon téléphone à deux mains.

— Allô Mademoiselle ?
— Bonjour, je vous appelle pour vous signaler un problème avec la porte magnétique.
— Ah ? Comment ça, votre badge ne fonctionne pas ?
— Non, enfin si, mon badge fonctionne, mais c’est la porte de l’immeuble. Depuis quelques jours elle ne ferme plus et il y a comme un bruit continu.
— Je note et je m’en occupe dès que possible, merci pour votre appel.

Je le remercie à mon tour et raccroche, soulagée d’avoir dépassé ma phobie du téléphone. Je n’ai pas même pas eu à me présenter, il a dû enregistrer mon numéro dans son répertoire téléphonique. C’est étrange, il n’a pas été question de mon charme ni de massage. Il n’a pas même pas proposé de se voir, il est resté très professionnel. Réflexion faite ce n’est pas du tout étrange, c’est même plutôt normal. Qu’est-ce que c’est que ce petit pincement au cœur que je ressens là ? De la ...