1. Chaos, l'immesurable abîme


    Datte: 16/09/2018, Catégories: nonéro, Auteur: Lilas, Source: Revebebe

    ... sentait obligé de lui mentir. Elle était juste curieuse de savoir pourquoi il voulait tant voir Fanny, et aussi pourquoi il semblait tellement nerveux.
    
    Il se tenait toujours sur le seuil, et son visage était resté tout rouge. Ses yeux ressortaient encore davantage sur ce teint carmin. À le regarder, Liana était sûre qu’il mourait d’envie de retourner dans la salle et de s’enfermer à double-tours. Elle était d’avis qu’il ne le faisait pas par pure politesse envers elle. Elle faillit éclater de rire, mais jugea le moment importun. Qui s’était jamais vraiment soucié d’être poli devant elle, hormis ses proches ?
    
    – C’est vous qui jouiez du piano ? demanda Liana.
    
    – Oui, fit encore l’inconnu.
    
    Puis son regard s’éclaira.
    
    – Vous avez aimé ? Je m’entraîne pour le concert de fin d’année. C’est dans une semaine.
    
    Liana n’osa pas lui dire qu’elle n’aimait pas le son du piano. Et puis, ce serait bête de lui dire ça, alors qu’elle avait trouvé sa musique agréable, en montant les escaliers.
    
    – Fanny est ma sœur, dit-elle alors, comme pour détourner le sujet.
    
    Il ne lui avait rien demandé, mais elle tenait à expliquer pourquoi elle se baladait dans les couloirs d’une école supposée être fermée au public jusqu’à 14h30.
    
    – Oui, je sais, répondit-il d’un ton un peu étonné.
    
    Puis il la regarda avec confusion. Peut-être était-il gêné d’avoir cru qu’elle l’avait reconnu. Liana se dit, mortifiée, qu’il devait l’avoir déjà croisée, puisqu’il la connaissait, mais la jeune ...
    ... femme devait être honnête avec elle-même et convenir qu’elle n’y avait jamais fait attention. C’était par ailleurs assez étrange, car le regard vert du garçon était vraiment déconcertant.
    
    À la réflexion, il ne devait pas avoir vingt ans, se dit Liana.
    
    – Quand elle arrivera, j’avertirai ma sœur que vous l’attendez, lança Liana en guise de conclusion.
    
    Non pas qu’elle n’appréciait pas la conversation avec le beau jeune homme, mais ses mensonges la gênaient. Elle ne comprenait pas pourquoi il s’imaginait qu’elle voulait s’introduire dans sa vie privée. Elle tournait donc les talons avec un sourire courtois, lorsqu’il l’en empêcha d’un cri :
    
    – Non, non ! ce n’est pas la peine ! s’exclama-t-il précipitamment.
    
    Surprise, Liana se retourna une nouvelle fois. Il était entré dans la salle. Il en ressortit rapidement avec une sacoche plate et referma la porte avec brusquerie. La couleur de son visage était encore montée d’une teinte dans les nuances de rouge.
    
    – Je dois m’en aller, balbutia-t-il. Je repasserai plus tard pour les instruments. Ne dites rien à Fanny, c’est inutile.
    
    Elle continua à le regarder fixement alors qu’il commençait à descendre les escaliers deux à deux.
    
    – Au revoir, dit-il avec embarras, entre deux foulées.
    
    Il n’attendait pas de réponse. Un dernier éclair vert, comme un rayon laser, puis le jeune homme disparut de sa vue, emportant en même temps ses yeux si clairs.
    
    C’est pas possible, pensa Liana. Je l’ai jamais vu ce type, je m’en ...
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