1. Chaos, l'immesurable abîme


    Datte: 16/09/2018, Catégories: nonéro, Auteur: Lilas, Source: Revebebe

    Résumé de l’épisode précédent : Liana et M. Tomaze ont déjeuné ensemble. Emportée par ses sentiments contradictoires, Liana a souhaité rompre l’engagement pris avec M. Tomaze. Ce dernier a réussi à la calmer et ils ont échangé quelques confidences dans la cour du cloître…
    
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    […] « Si on me presse de dire pourquoi jel’aimais, je sens que cela ne peut s’exprimerqu’en répondant : parce que c’était lui, parceque c’était moi. » […]
    
    Montaigne,Essais
    
    L’école paraissait déserte et pourtant, quelqu’un jouait toujours du piano, au dernier étage. Liana monta péniblement les marches jusqu’au troisième, les pensées en ébullition. Lorsqu’elle ouvrit la porte qui conduisait au couloir réservé aux professeurs et au secrétariat, celle-ci grinça sur ses gonds d’une manière affreuse.
    
    Aussitôt, les notes de piano s’éteignirent dans le silence.
    
    Puis la porte de la salleSatie s’ouvrit brusquement derrière Liana. Elle se retourna.
    
    Un jeune homme d’une vingtaine d’années se tenait sur le seuil, un peu haletant. Mais en voyant Liana, son sourire radieux tomba très rapidement et une expression de gêne passa sur son visage.
    
    Elle fut frappée par son regard d’un vert intense.
    
    – Excusez-moi, bredouilla-t-il, je croyais que c’était… la secrétaire.
    
    Liana se demanda ce qu’elle devait répondre à cela. Elle se creusa les méninges pour trouver une réplique pertinente. Mais enfin, une faille évidente dans la situation l’empêchait d’aller plus loin : de quoi ...
    ... s’excusait-il au juste ?
    
    – Ah… fit-elle en se cherchant une contenance. Euh, vous voulez voir Fanny ?
    
    – Oui, répondit-il immédiatement. En fait… enfin voilà, j’ai besoin des clés de la salleRavel. Pour chercher des instruments, ajouta-t-il inutilement, d’une voix nerveuse.
    
    Liana était surprise de l’attitude de ce jeune homme, mais elle essaya de ne pas le montrer.
    
    – Je croyais qu’elle était arrivée, fit remarquer Liana en jetant un coup d’œil par-dessus son épaule. La porte du couloir était ouverte.
    
    – Oui, c’est moi, je l’ai ouverte, expliqua-t-il rapidement. J’ai les clés. Je croyais que c’était elle qui arrivait, mais en fait c’était vous.
    
    Liana avait bien compris, mais jugea inutile de lui en faire la remarque.
    
    – Mais si vous avez les clés de la porte, vous avez le trousseau ? demanda Liana.
    
    Le jeune homme battit anxieusement des paupières.
    
    Oui, répondit-il, presque avec méfiance.
    
    Puis il sembla s’apercevoir de l’absurdité de son explication. S’il avait le trousseau, il avait bien entendu la clé de la salleRavel. L’excuse qu’il avait inventée pour attendre Fanny ne tenait pas debout…
    
    – Il faut qu’elle me montre les instruments, se défendit-il en rougissant jusqu’aux oreilles. Je ne sais pas où ils sont rangés.
    
    Liana se sentit perplexe. De toute évidence, ce garçon lui racontait une histoire à peine crédible, on ne savait pour quelle raison. Mais à la vérité, elle n’avait pas vraiment envie de savoir ce qui le perturbait, et pourquoi il se ...
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