Amazonie (4) - Histoires de Sexe

Amazonie (4)

... plausible, ma voix faussement enrouée leur donnant l’impression que j’avais grandement souffert toutes ces années. S’ils savaient qui était réellement sous cette robe de moine, je pense que j’aurais eu un traitement peu enviable dont ils ne se privaient pas envers les femmes. Bien que n’ayant jamais connu d’homme bibliquement et ayant espéré le faire avant le déclenchement de l’épidémie, je n’en avais aucunement envie, en tous cas pas avec ces soudards puants et malveillants.

Je fis une pause dans ma traduction. Quelle histoire terrible ! Je livrai mon chapitre à Mélanie qui en eut presque les larmes aux yeux quand elle l’eut fini.

— Quelle histoire, quel courage, fit-elle.

— C’est fou, lui dis-je, un homme devenu femme qui se fait passer pour un homme !

— Oui et cette dureté de ce monde du passé, quelle horreur. Et dire qu’il y a des gens qui disent que c’était mieux avant.

— En tous cas pas à cette époque-là.

— J’ai prévenu l’université où j’ai fait mon post-doc. Je leur ai dit, sans trop donner de détails que nous avions entre nos mains un manuscrit en cours de traduction qui racontait l’aventure d’un moine à l’époque de l’expédition de Pizarro et Francisco de Orellana. J’ai parlé de recherches archéologiques potentielles à la clé et pharmacologiques aussi. Ils sont emballés.

— Il faudra bien leur donner les détails un jour.

— En quoi cela te pose-t-il un problème ? me demanda Mélanie.

— Je ne sais pas… La nature sexuelle et intimiste du ...

... récit.

— Nous sommes des chercheurs et des chercheuses, des professionnel·les.

— Oui tu as sans doute raison. Il faut que je présente l’affaire au labo toulousain.

— Je peux m’en charger, dit Mélanie, donne-moi le nom de ton contact. Je lui dirai venir de ta part.

— Merci Mélanie, tu es un ange !

— Ça je ne sais pas, les anges n’ont pas de sexe !

— C’est malin.

— Tu l’as bien cherché. En attendant continue ta traduction. Je m’occupe du reste.

— Oui, Maîtresse.

— J’aime quand tu me parles comme ça.

— … (long silence de ma part)

Un groupe de conquistadores devait rentrer à Quito, ils proposèrent de m’escorter. J’acceptai. Avant de quitter la forêt, j’avais fait des provisions de plantes diverses dont une me permettant de stopper les menstruations. J’avais pensé que cela pourrait m’être utile dans un monde d’hommes où je devais me passer pour l’un d’entre eux. J’avais également par souvenir ou par attachement pris de cette plante qui m’avait permise d’être celle que j’étais maintenant. Cela dit, je n’en avais plus besoin, la transformation étant complète depuis la cérémonie aux pyramides.Le voyage se passa bien. Nous remontâmes tout d’abord le fleuve Amazone puis un de ses affluents pour ensuite devoir retraverser les Andes. Après quatre année, on commençait à percevoir les effets de la colonisation : les routes étaient mieux établies, plus sures aussi. Il est vrai que les divers massacres d’indiens non seulement diminuaient la population autochtone mais ...