Chrysalide - Histoires de Sexe

Chrysalide

... week-end que ma future épouse passait dans sa famille. Elle ne broncha pas, fut aux petits soins pour moi comme à son habitude, ne cherchant que mon plaisir.

— Mais enfin, m’écriai-je cherchant à la faire réagir après avoir honoré toutes ses opportunités avec l’énergie du désespoir, ce sont peut-être les derniers instants que nous passons ensemble…
— Si c’est ton bonheur, alors c’est parfait. Aimer ne veut pas dire aimer pour soi, égoïstement. Je crois qu’aimer vraiment, c’est vouloir le bonheur de l’autre, quel qu’en soit le prix…

Le prix à payer, j’allais effectivement comprendre ce que cela voulait dire. Lors de ma « présentation » à la belle-famille, un riche chef d’entreprise politiquement influent, flanqué de sa conne de femme, on me testa sur plusieurs points. D’abord, sur la religion.

— Rassurez-vous, Mâdâme, j’ai été baptisé, j’ai fait ma première communion et ma communion solennelle. J’ai même été enfant de chœur. Mais je n’étais alors qu’un enfant, prêt à croire en la parole des adultes. Plus tard, j’ai compris que l’Église n’avait été pendant des siècles qu’un instrument du pouvoir œuvrant à l’asservissement des peuples. Promettre une vie meilleure après la mort pour faire accepter une vie d’esclave.
— Ohhh ! Mais vous croyez en Dieu, tout de même ?
— Me demander de croire en un dieu, soi-disant de bonté et de compassion, mais qui laisse se perpétrer horreurs et massacres, même ceux commis en son nom, c’est comme demander à Galilée de croire que ...

... la Terre est plate et que les astres tournent autour d’elle. Dès que l’on possède un minimum de raisonnement et d’informations, c’est impossible.
— Vous avez au moins le courage de vos opinions, mon cher, reprit le Pâpâ après un silence gêné. Accompagnez-moi donc à la chasse le week-end prochain, nous discuterons en marchant.
— Je serais ravi d’avoir une discussion de péripatéticien avec vous…
— Oooohhhh ! hurla mémère.
— Désolé Mâdâme, les péripatéticiens étaient des Grecs qui philosophaient en marchant. Volontiers donc pour cette discussion déambulatoire, mais pas pour la chasse que j’ai en horreur.
— Allons, jeune homme, vous n’ignorez pas que la plupart de nos gibiers sont élevés et relâchés dans la nature dans le but de les chasser.
— Justement, il suffirait de ne plus chasser pour éviter cela et laisser le gibier sauvage vivre en paix. Je vous ferai cependant une concession : les grands prédateurs ayant disparu, il est parfois utile de réguler certaines populations dans certaines circonstances, le parc fermé de Chambord par exemple.
— Tiens, en parlant de chasse, où donc avez-vous fait vos armes ?
— Hélas, j’étais déjà trop âgé pour qu’on me fasse le coup une seconde fois, Môssieur. J’ai donc fait mon service en tant qu’objecteur de conscience, deux années au lieu d’une au service de la nation, ne vous déplaise.

Ça a déplu. Fort. Je fus donc d’emblée classé« persona non grata » auprès de la belle-famille, d’autant que je refusais absolument une cérémonie à ...