Morgan (7) - Histoires de Sexe

Morgan (7)

... porter. Je retourne chez moi m’habiller et la journée de travail commence vraiment.

***

Comme chaque matin, quand il m’ordonne de me relever, j’ai la mâchoire endolorie, les épaules bloquées, les genoux défoncés et les abdominaux en feux. Mais depuis qu’il exige de moi cet exercice quotidien, j’ai perdu de la mauvaise graisse et mon ventre redevenu plat.

— Regarde, me dit-il fièrement en me montrant son écran d’ordinateur.

J’y vois une femme exhibant son sexe en tirant sur ses lèvres. Un bandeau numérique cache ses yeux. Je ne peux la reconnaître.

— Qui est-ce ?

J’essaye de cacher ma jalousie par mon attitude désinvolte, mais je ne suis pas sûr de l’avoir convaincu.

— Toi.

— Moi ?

Je regarde plus attentivement, il y a des similitudes, mais de là à dire que c’est moi. Il me montre une vidéo maintenant, les voix ont été modifiées, la femme suce une queue. Elle se relève, montre son cul et se fait prendre par derrière. Le salon dans lequel sont les amants pourrait être le mien, mais les murs n’ont pas la même couleur et la lampe que je tiens de ma grand-mère est cachée par un brouillard numérique. Oui c’est bien moi, c’est bien chez moi, mais il est impossible de le savoir.

— Qu’est-ce que tu veux en faire ?

Ma demande ne cache pas mon admiration pour son travail.

— Le mettre sur internet.

— Quoi ?

— Je vais créer une page Web avec une partie payante où tes aventures seront racontées et montrées.

— Mais si on me reconnaît ?

— ...

... T’es-tu reconnue ?

Je garde le silence.

— Tu vois, tu n’as rien à craindre.

— Et si Max tombait dessus ? Lui pourrait me reconnaître.

— Non.

— Pourquoi non ?

— Parce qu’il a déjà vu deux photos de toi.

— Pardon ?

À cette annonce, je tombe de l’armoire. Julien m’explique qu’il les lui a envoyées il y a deux semaines. Sur la première photo, je suis sur le dos, dans le lit conjugal, en train de sucer mon Maître, pendant que je joue avec mes sex-toys, Benoît me baise et Tommy m’encule. La deuxième est issue de la vidéo que j’ai faite dans les toilettes du restaurant thaïlandais. À chaque fois, le même procédé ne permet de reconnaître ni l’actrice ni le lieu.

Je ne sais pas ce qui me choque le plus. Est-ce de ne pas être reconnue par mon mari ? Qu’il ne m’ait pas parlé de ces photos ? Ou bien ses commentaires graveleux sur “ cette salope qui donne envie ! ”

— Vas-y.

Je sais que je ne donne mon accord qu’en réaction à Maxence, mais c’est plus fort que moi. Une fêlure vient de s’ouvrir en moi, la confiance que j’avais en lui vient d’être battue en brèche.

— Il te faut un surnom, j’avais pensé à Suzette.

— Non, Morgan.

Ce prénom est une évidence, je veux ainsi rendre hommage à la femme qui m’a montré le chemin menant à ma vraie nature.

— OK, va pour Morgan. Voilà le contrat, me dit-il en me tendant cinq feuilles A4.

— Le contrat ?

Il m’explique quelle rémunération nous avons, celle du webmaster, des investissements en matériel ; que tout ...