L'amour doit ressembler à cela - Histoires de Sexe

L'amour doit ressembler à cela

... question. Elle défit sa chemise et ôta la mienne avec délicatesse. Elle m’embrassa la poitrine, le cou les joues, la bouche, les aisselles, le ventre, le sexe. J’étais bien, j’oubliais. Elle me caressa longuement en silence, puis me chevaucha jusqu’à sentir ma semence couler en elle, avec un orgasme cette fois entier, me semblait-il. Puis elle allongea sur mon corps son corps couvert de sueur. Et nous nous sommes endormis ainsi enlacés. Elle m’avait fait oublier tout ce monde qui s’écroulait autour de moi.

Au matin, lorsque je suis descendu à la cuisine, on m’a dit que Monsieur était déjà debout et qu’il m’attendait dans son bureau. Il n’y eut pas une parole, Monsieur me remit trois lettres de recommandation, mes gages et une petite bourse de quelques Louis supplémentaires.

J’allais fermer cette porte une ultime fois lorsqu’il ajouta :

— Je me demande pourquoi Madame n’a jamais voulu profiter de votre talent pendant les soirées ?
— Parce qu’elle préfère la discrétion de son alcôve pour la sauvagerie de nos congrès. Sans doute ne voulait-elle pas que Monsieur me voie lui mettre pine au cul, alors qu’elle lui a toujours refusé ce plaisir, mentis-je honteusement, par esprit de vengeance.

Révolutionnaire avant l’heure ? Je laissai monsieur ahuri, pris au piège de ses propres libertinages et je remontai prendre mes affaires. Dans l’escalier, je croisai la lingère et Zerbinette les yeux baissés. Je les ai arrêtées et j’ai ordonné à Zerbinette de me suivre avec un ton ...

... de majordome qui ne laissait pas place à la contestation, ma disgrâce n’était pas encore connue. La lingère a attrapé la pile de draps que la petite portait et s’est éloignée en maugréant. Lorsqu’elle eut disparu, Zerbinette leva enfin les yeux en souriant. Je l’ai conduite à sa chambre.

— Fais tes paquets, on s’en va !

Elle s’exécuta sans mot dire et me suivit serrant contre elle ce qu’elle avait de plus précieux, son écritoire, sa plume, son encre et ses papiers.

Dans les rues de Paris, elle me suivait sans poser de questions. Nous nous sommes arrêtés dans une taverne où j’ai commandé du vin, quelques cochonnailles et une miche de pain frais.

— Pourquoi me suis-tu, Zerbinette ?
— Parce que vous me l’avez demandé.
— Tu ne veux pas savoir où nous allons et pourquoi ?
— Si fait !
— Alors pourquoi ne le demandes-tu pas ?
— Vous me le direz quand bon vous semblera.

Combien avais-je connu de femmes ? Jamais une comme elle. Et moi pourquoi étais-je en train de l’arracher à sa vie d’ancile ? Je n’y avais jamais songé et je ne savais pas reconnaître l’amour, pourtant je l’enlevais par amour, sans savoir ce que je faisais. Je ne le compris que beaucoup plus tard.

On ne m’avait jamais parlé de l’amour que l’amour de Dieu. Je n’en avais jamais vu d’exemple.

Je lui ai tout raconté. Elle m’a juste dit calmement de sa petite voix.

— Où allons-nous ?
— Dans mon village, ai-je dit simplement.

Elle a conclu :

— Allons.

Et elle a passé ses bras autour de ...