La forêt
Datte: 08/09/2018,
Catégories:
nonéro,
aventure,
fantastiqu,
Auteur: Gaed, Source: Revebebe
... cuir. Ses armes, une épée courte et la hache que j’ai aperçue quelques instants auparavant sont posés sur le sol juste à côté d’un heaume de belle taille. À son allure, je jurerais que le soldat est des nôtres.
L’homme me regarde venir, le soleil avec lui, juste dans son dos. Il lève sa main droite, j’en fais autant, mais je ne relâche pas la garde de ma dague sous le repli de ma chemise. Je distingue son visage, faciès buriné des hommes de guerre, mangé par la barbe, regard éteint, dents noircies, gâtées, sale de la tête aux pieds.
Il baisse la main, puis la relève aussitôt.
— Viens-tu en ami ? demande-t-il d’une voix forte.
— Si tu l’es, je le suis aussi.
Un long silence s’installe tandis que nous nous observons à distance raisonnable.
— Je me nomme Lorn, ne t’inquiète pas, je ne te veux pas de mal.
— Eh bien, Lorn, rigole-t-il de sa voix forte, je ne m’inquiétais pas trop pour moi, mais plutôt pour toi.
Son énorme rire n’en finit pas de résonner, puis d’un coup il cesse, tranché par un épais crachat sur le sol.
— Enfin, reprend-il, si tes intentions ne sont point malveillantes, tu n’as rien à craindre non plus. Tu peux t’approcher, je m’apprêtais à partir de toutes façons. Le feu n’est pas complètement éteint, tu pourras en profiter.
Il donne un coup de pied dans un petit tas de braises à côté de lui, une mince fumée s’en dégage. Je le remercie d’un hochement de tête, et après avoir posé mon sac et mes armes, m’assieds face à lui.
Il me fixe ...
... de son regard noir à demi couvert d’une épaisse chevelure qui lui barre une bonne moitié du visage. Et ce détail indique qu’il ne fait pas partie des moines-soldats. Mais pas d’emblème, pas de signe apparent, difficile de savoir à quelle troupe il appartient, et à vrai dire, difficile même de savoir si c’est l’un des nôtres ou un chien d’Elvin. Ils nous ressemblent tant. Avant, avant la guerre, avant le royaume unifié, ils n’étaient que des clans, le sang était le même.
— Je préfère voyager de nuit, dit-il en mâchonnant une tige de verne, les sentiers sont plus sûrs.
— Je n’ai pas croisé grand monde, l’endroit a l’air tranquille, c’est étrange d’ailleurs, inquiétant même, tu ne trouves pas ?
Il me toise d’un air las et répond :
— Mieux vaut être trop prudent que pas assez, je n’ai pas survécu à cette guerre pour finir détroussé et égorgé à la croisée des chemins. En plus je n’ai rien à voler et je détesterais l’idée de mourir pour si peu ! Si encore j’avais des malles pleines d’or et la bedaine remplie d’autre chose que de la viande séchée et bien, en ce cas, ma fin aurait du sens, au moins pour celui qui m’aurait occis.
À nouveau sa lourde carcasse s’agite au rythme de son incroyable rire. Assis, il me dépasse déjà d’une tête, je n’aurais pas aimé avoir à me battre contre lui.
— Étais-tu de la bataille des fers blancs ? demande-t-il aussi brusquement que son rire s’est arrêté.
— Non.
À dire vrai, je n’en ai même jamais entendu parler. Mieux vaut faire le ...