Les dieux sont tombés sur l'athlète - Histoires de Sexe

Les dieux sont tombés sur l'athlète

... inattendue, venant d’un être aussi contemplatif :

—Au commencement, y’avait déjà un sacl’é bol’del !

Un murmure d’approbation traversa l’assistance.

— Tu m’étonnes, répliqua prosaïquement Olympe. Et avant le commencement, il y avait quoi, alors ?

Le Bouddha resta cette fois impassible. Certains diront que c’est parce qu’il avait repris, imperturbable, le cours de sa méditation. Mais un coup d’œil plus attentif à la forme de ses sourcils aurait suffi pour comprendre que la sérénité de celle-ci était désormais perturbée par une préoccupation lancinante.

Alors, un dieu un peu plus courageux se chargea de répondre en toute franchise. Ainsi parla Zarathoustra :

— On doit bien l’avouer, on n’en a pas la moindre idée.

Après un bref moment de murmures et de confusion, ses collègues se chargèrent de développer.

Chaotiquement, bien entendu.

— Normal, on y était pas.
— On est arrivés bien après.
— Comment ça ? demanda Olympe
— Ben oui, quand les humains nous ont créés.
— Tu penses bien, si on avait eu ce pouvoir à temps, le monde aurait été bien plus parfait. Plus intelligible, aussi. Quand on nous a fait venir, il était déjà trop tard.
— Pour commencer, ajouta Poséidon, s’il n’avait tenu qu’à moi, ta planète ne s’appellerait pas la terre, mais la mer, et elle serait entièrement liquide. Tu aurais fait une bien jolie sirène.
— En tout cas, si on nous avait confié le job dès avant le début, les choses n’auraient pas traîné comme elles l’ont fait ...

... pendant des millions d’années. Franchement, les aventures des paramécies, ça manquait de sel. Les dinosaures, à la limite, devait y avoir plus d’action. Mais on t’aurait accéléré tout ça et calé la bande sur l’épisode où ça devenait vraiment intéressant.
— Celui de l’apparition de l’espèce humaine ?

Ils se mirent tous à rire.

— Mais non ! Réfléchis ! Celui de l’apparition des premiers dieux !
— C’est vieux ?
— Pouh ! Plus que ça ! Depuis que les hommes ont acquis la capacité d’avoir la trouille. D’un côté, c’était utile, cet instinct de conservation, surtout quand tu t’attaquais à un tigre à dents de sabres avec pour toute arme un bout de silex taillé plus ou moins grossièrement. La trouille, c’est ce qui distingue le courageux du téméraire. Un atout pour la conservation de l’espèce. Mais il y avait bien pire que les bêtes sauvages. Par exemple, chaque fois que tonnait l’orage, que frappait la foudre, les pauvres bipèdes se blottissaient terrorisés dans leurs grottes.
— Jusqu’à ce qu’un individu un peu plus subtil que les autres finisse par réaliser qu’on a moins peur de ce qu’on est capable de nommer, décrire, et vaguement expliquer.
— C’est ainsi que naquirent les shamans, les prêtres, les philosophes et les premiers scientifiques qui s’ignoraient, mais aussi les mythes, ces explications de textes de l’univers. Comme ça aussi que furent créés les dieux, pas vrai, Zeus ?
— Exact, je suis arrivé parmi les premiers, ici, un soir d’orage. Le confort était sommaire, à ...