1. La cabine


    Datte: 16/04/2023, Catégories: Entre-nous, Hétéro Auteur: Paaron, Source: Hds

    ... palissade signalant l'imminence de travaux.
    
    "C'est là que j'ai grandi, jusqu'à mes 18 ans".
    
    Je mets un temps à réaliser le contraste entre cette femme raffinée, son aisance financière, son portable dernière génération et une vie à la Villardière. Comme je ne dis rien, elle ajoute.
    
    "J'étais pauvre quoi! Je veux dire que je ne suis pas une femme superficielle, je sais ce que c'est de manquer, de tourner toute l'année avec deux jeans."
    
    Je ne sais quoi répondre, je me sens envahie d'une bouffée de tendresse pour elle. Le seul geste que je trouve à faire est de coller mon bras au sien et de poser ma tête sur son épaule en lui serrant fort la main.
    
    Elle accepte le contact, me caresse la joue et dépose un baiser dans mes cheveux.
    
    "Viens", elle m'entraîne autour de la palissade, bientôt nous avisons une ouverture. Deux planches ont été décloutées et on peut se faufiler à l'intérieur. Connaissant les lieux elle n'hésite pas une seconde. "Fais bien attention où tu marches".
    
    Je regarde le sol, des bouts de verre, des tiges métalliques sont autant de dangers potentiels.
    
    Nous arrivons à l'escalier et montons deux étages.
    
    Elle sort un trousseau de clés et ouvre la porte 23B. "J'ai toujours gardé les clés".
    
    L'intérieur est dégradé, les tapisseries déchirées, la moitié des fenêtres sont sans vitre et toutes les prises électriques arrachées. je me laisse guider. Nous passons un petit couloir dans lequel des placards ont perdu leurs portes coulissantes. ...
    ... Arrivées tout au fond, nous entrons dans une petite pièce. Je devine que c'était sa chambre. Tapisserie rose, des restes de posters au mur. Je la laisse longtemps reprendre contact avec ce lieu qui fut si intime pendant de longues années. Elle regarde, caresse les murs du plat de sa main, retrouve au sol les marques de ses meubles et de son lit. Je m'approche de la porte fenêtre qui donne sur un immense balcon courant tout le long de la façade et partagé par des plaques de plastique jaunâtre épaisses. Sa chambre donne sur la cour intérieure, on devine les garages tout en bas.
    
    Elle me rejoint sur le balcon.
    
    Puis, sans prévenir, elle escalade la rembarde, se tient habilement aux montants de la plaque de séparation et saute sur le balcon voisin.
    
    Je n'ai pas le temps de lui crier d'être prudente qu'elle se repenche vers moi : "Je n'ai pas perdu la main, tu vois!" Et, à la vue de mon visage sidéré, elle part d'un grand rire plein de tendresse.
    
    "J'avais 17 ans, j'étais là un soir d'été. Vas-y, prends ma place." Elle m'explique de m'assoir et de m'adosser à la plaque. Je m'exécute. Je relève les genoux et ma jupe glisse sur mes cuisses révélant la culotte en latex.
    
    "Lui, il était où je me trouve, sur son balcon. Il faisait presque nuit, le rouge du ciel était magnifique. Il était sorti fumer. Moi je ne bougeais pas. Puis, j'ai entendu d'autres bruits et j'ai glissé un oeil entre la plaque et le mur, vas-y, fais le!"
    
    Je me tourne légèrement et aperçois Mathilde.
    
    Elle ...
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