La cabine
Datte: 16/04/2023,
Catégories:
Entre-nous,
Hétéro
Auteur: Paaron, Source: Hds
... ronde.
Elle me regarde enfin, elle n'a plus ce petit air moqueur, mais semble comme moi, perdue dans de tendres pensées. Son sourire est apaisé et tendre.
"Vous êtes belle"
Oui, j'ai réussi à lui dire. A peine sortis de ma bouche, je commence à regretter mes mots, mais l'éclairage qu'a pris son visage en m'écoutant me rassure.
"Vous savez" dit elle enfin, d'un ton grave, "Je ne voudrais pas que vous imaginiez..." Elle marque une pause, cherche ses mots, évite mon regard.
"Non non" lui dis-je. Sans même savoir de quoi elle parle.
Imperturbable, elle reprend "N'imaginez pas que je suis une femme légère, que je m'amuse ainsi tous les jours. Je... C'est venu ainsi, je crois que dans la cabine, vous m'avez réellement regardée. Je veux dire, pas simplement vue, mais comprise".
Je me sens mal à l'aise, je sais que ma réponse sera d'une grande importance, elle attend beaucoup de moi en cet instant. Je ne peux pas me tromper.
"J'aurais horreur que vous me pensiez légère également".
Elle est soudain très attentive et m'invite à poursuivre.
"Pour moi aussi c'est une première, je ne sais pas si je vous ai comprise, comme vous le dites, mais je sais que je ne pense qu'à vous depuis le début de l'après midi. C'est sans raison apparente, j'ai mon homme qui m'écrit et je m'en fous, j'avais des courses à faire, et je m'en fous aussi. Vous êtes devenue mon univers."
Le temps se suspend. Nos regards s'accrochent encore, plus fort qu'avant. Je pense qu'en cet ...
... instant je la comprends oui. Elle a tout à fait raison. Je ne saurai pas y mettre les mots, mais l'âme de Mathilde est nue, devant moi.
" Et j'ai très envie de vous" j'ai dit cette phrase de manière spontanée, moi qui ne l'ai jamais dite à mon homme.
*******************
"Viens" me dit elle passant soudain au tutoiement, elle me tend la main. Surprise, j'ai une seconde d'hésitation. D'un petit hochement de la tête elle insiste. Je prends sa main et me lève.
Nous marchons côte à côte.
"J'ai un truc à te montrer".
Il n'y a pas à discuter, la Mathilde pleine d'assurance est revenue.
Sa main est encore meilleure que je ne l'avais imaginée, souple et douce, et d'une chaleur surprenante. Elle me tient fermement, mais sans forcer.
Je ne saurai même pas dire par où nous sommes passées exactement, les rues piétonnes ont fait place à des ruelles encaissées, au sol sale et mal entretenu. Nous arrivons dans le quartier de la Villardière où les chantiers de démolition sont aussi nombreux que ceux de reconstruction. C'était, il y a quelques années, le pire endroit de la ville. Les familles les plus pauvres y trouvaient un logement mais dans un inconfort assuré. Les compteurs électriques sautaient régulièrement, l'humidité dévorait les salles de bains et on racontait que l'eau n'était potable qu'une semaine sur deux. La mairie avait décidé de grands travaux de rénovation.
Mathilde s'arrêta net devant un immeuble désafecté dont le rez-de-chaussée était masqué par une ...