Me abbandono a te - Histoires de Sexe

Me abbandono a te

... voyant à peu près remis, elle l’avait quitté sans remords.

Il n’avait pas osé se re-pointer chez elle, mais l’avait rappelé début juin, assurant avoir consulté et être sous traitement – ce qu’elle n’avait cru qu’à moitié – et lui demandant de l’accompagner au vernissage de son exposition dans une galerie réputée de la ville. « C’est tellement important pour moi, tu comprends ! » Il lui avait offert une robe de cocktail, superbe, mais qu’elle avait jugé un peu trop moulante, un peu trop courte. Il avait insisté pour qu’elle la porte et elle avait fini par céder avant de le suivre, une dernière fois, par bonté d’âme.

Bonté qu’elle avait très vite regrettée !

oooOOOooo

Dans ma chambre aseptisée, je suis aux cent coups. Je cogite. Son nom ? Le nom de ce taré ? Clara a cité son nom un moment donné… Oui, ça me revient : Tony ! Oui c’est ça, Tony ! Clara a parlé d’un Tony !

Un policier passe me rendre mon portable et quelques vêtements aussi (bienveillant le flic !) et je suis prêt à appeler ses supérieures quand un nouveau détail me revient. Clara avait dit apprécier la déco de mon appart, mais avait nettement tiqué en regardant un de mes tableaux. Lequel ? Je fouille ma mémoire : Le nu post-industriel ! Un tableau que j’ai acheté pour une misère – trois francs-six sous aurait dit mon père – dans la galerie de mon pote Arnaud !

— Salut, Arnaud, c’est Matthieu !

J’expédie les salutations pour en venir au plus vite à l’objet de mon appel.

— Arnaud, je t’ai ...

... acheté une toile la semaine passée : un nu.
— Yes : Robotic Orgasm ! Plutôt réussi d’ailleurs.
— Tu connais le nom du peintre ?
— Bien sûr, c’est un type du coin : Tony Alvarez.

Tony ? Ça colle ! Et donc, si elle a reconnu la toile, je comprends sa grimace.

— Tu as l’adresse de ce gars ?
— Laisse-moi cinq minutes, faut que je fouille, mais je vais te trouver ça et je te l’envoie par SMS. C’est important ?
— Oh que oui ! Je t’expliquerai plus tard. Dis-moi, tu le connais bien ? Tu as rencontré sa compagne par hasard ?
— Une grande brune très classe ? Oui, mais je doute qu’elle soit encore avec lui, du moins, j’espère pour elle !
— Ah bon ! Pourquoi ?
— Parce qu’Alvarez est un sale type ! Après ce qu’il lui a fait à l’expo, elle l’a largué, en direct live à la galerie ! Si elle s’est remise avec lui, c’est qu’elle est masochiste grave !
— Tu connais le nom de cette fille ?
— Non… je ne sais vraiment pas ! Je ne l’ai vu qu’une fois ! Pourquoi ?
— Parce que je pense qu’elle est en danger. À cause de lui ! Dis-moi, qu’est-ce qui s’est passé à la galerie ?
— En fait, le soir du vernissage, Alvarez a éclusé quelques verres et très vite, il n’était plus très clair. Il s’est montré agressif et rustre avec tout le monde, y compris les journalistes : je ne t’explique pas les critiques le lendemain ! Il se les est mis à dos en fait le con et c’est dommage, il a du talent. Quant à la fille qui l’accompagnait, elle, elle était sublime dans une magnifique robe de cocktail, ...