Les Gibets de Savannah - Histoires de Sexe

Les Gibets de Savannah

... en une énorme natte et, avec son ample chemise qui cache ses formes et son froc qui lui arrive au mollet, elle fait tout à fait couleur locale… Même le manteau qu’elle s’est bidouillé avec un vieux morceau de voile est raccord. C’est bien la première fois que je la vois complètement habillée.

— C’est encore loin ?
— Tu sais ce que l’on dit ? Quand les mouettes ont pied, il est temps de virer !

Encore deux coups de rame et la chaloupe se pose sur le sable. Nous passons tous deux par-dessus bord, et j’essaie de l’amarrer tant bien que mal à un énorme rocher.

— Faut qu’on fasse gaffe à la marée si on veut retourner à bord…
— Ça, j’avais compris. Bon, tu me réexpliques ce qu’on fout là ?
— Tu vois les cahutes là-bas ? Ce que l’on cherche est à peu près à une lieue d’ici et dans cette direction.
— Et si ça marche pas ?
— Je te l’ai dit, tu récupères la chaloupe et tu te caltes, ne m’attends pas, et Lepainsec saura exactement quoi faire pour me récupérer. Bon, assez jacté, on y va !

J’ai beau essayer de penser à autre chose, chaque percée de la lune au travers des nuages me donne l’occasion d’observer deux ravissants petits nichons qui gigotent sous le tissu. Plusieurs fois, je suis à deux doigts de l’arrêter pour lui en coller une tournée à la sauvette – je sais qu’Adélaïde ne demanderait que ça –, mais l’heure tourne et il faut absolument que nous et notre rafiot soyons hors de portée lorsque l’aube se pointera.

— Tiens, regarde : c’est là-bas.
— Quoi ? Un ...

... couvent ? Tu te fous de ma gueule ?
— Ma frangine est curetonne là-dedans, et la mère supérieure m’a à la bonne. Elles vont sûrement nous aider.

Encore quelques centaines de mètres à slalomer dans la lande et nous y voilà… À ma grande surprise, la lourde est grande ouverte, nous entrons, mais il n’y a personne. Je sors mon briquet à étoupe : la flamme n’éclaire qu’à trois pas, mais elle nous permet de nous diriger dans ces couloirs sans fin. Soudain, quelques rires parviennent jusqu’à nous.

— Ça doit être par là… Fais gaffe à la marche.

Au bout du couloir, il y a le cloître, sans doute bien utile par mauvais temps même si tout le monde sait qu’il ne vase jamais en Bretagne. Au milieu de la pelouse, il y a un feu de camp autour duquel les sœurs se sont posées… Mais il me faut un moment pour comprendre ce que deux autres sœurs foutent debout en tenant leurs torches : elles en éclairent deux autres, à oilpé sur le gazon, et elles sont précisément en train de se le brouter, ce foutu gazon !

De loin et dans la lueur vacillante des flambeaux, je peine à voir l’assistance… Par contre, pour ce qui est de la séance de grougnotage, je n’ai aucun doute ! Ma très chère Anna est en train de subir l’assaut de sa comparse qui s’est assise derrière elle, face à la petite troupe, et tout ce petit monde assiste à une cavalcade pas piquée des vers ! Deux doigts lui pilonnent la chatte tandis que l’autre main lui trifouille le bouton magique. Je ne sais pas depuis combien de temps ce ...