Les Gibets de Savannah - Histoires de Sexe

Les Gibets de Savannah

... qu’elles vont pouvoir grimper dans les haubans. Adélaïde intervient.

— T’inquiète : le paternel de Samantha était cordonnier, et on est deux ou trois à avoir des notions de couture, ça va s’arranger…

Puis, après un sourire :

— Par contre, en attendant qu’on se fabrique des frocs comme vous, on va être obligées de se balader à poil… C’est chiant, hein ?

Éclat de rire général. Je reprends la parole.

— L’autre truc aussi, c’est même si nous avons tous pu constater que vous étiez pas les dernières à la baston, va falloir apprendre à combattre au sabre et à tirer autrement que sur nos élastiques… Pour le moment on navigue sous pavillon français, histoire qu’on nous foute la paix, mais j’aimerais mieux pas croiser la route d’un angliche…
— Ça aussi c’est prévu, intervient Lepainsec. Par contre, t’as toujours pas dit où on allait et puis, surtout, y a le problème de la bouffe.

Même s’il a parfaitement raison, j’ai quand même le sentiment qu’il a de la suite dans les idées fixes.

— Alors je vais vous dire ce qu’on va faire : d’abord on tire tout droit à l’ouest, je veux pas rester trop près des côtes…
— Pourquoi ? T’as tellement envie de te castagner avec ceux d’en face ?
— Pas vraiment, mais je te répète qu’à un moment ou un autre, le proprio de ce rafiot va nous chier une pendule pour le récupérer.
— Pourtant, t’as les papiers, non ?

Le problème, c’est que quand bien même les fafs seraient parfaitement clean, si un autre navire se pointe et qu’ils sont ...

... cinquante à ferrailler dans tous les sens, ben t’as un poil l’air con. Du coup, je préfère prendre les devants et éviter de courir après les emmerdements.

— Quand ce type, ou n’importe qui d’autre, nous tombera sur la couenne, j’aimerais être sûr que tout le monde saura se servir de toute l’artillerie qui est en bas et, accessoirement, qu’elle nous pétera pas à la gueule.
— Et ensuite ?
— Et ensuite, on met cap au sud, direction Les Sables-d’Olonne.
— Ah ? Et qu’est-ce qu’on va y foutre ?
— Il y a là-bas deux personnes qui me doivent un service… Je vais me rappeler à leur bon souvenir.

— --ooo0ooo---

Ce qu’il y a de chiant avec cette partie de la Bretagne, c’est que tu peux toujours te l’astiquer pour trouver une crique pour t’y planquer… Mais à côté de ça, et vu que c’est quasiment que des plages, t’es pas obligé de grimper les falaises comme si t’étais né à Grenoble.

La nuit est presque noire, seule la lune irise quelque peu la flotte et encore, uniquement quand les nuages ne viennent pas y mettre leur grain de sel. J’ai fait jeter l’ancre de la Belle Éloïse à quelques encablures de la côte en espérant que personne ne nous remarquera. De toute façon, le Jolly Roger est bien planqué à fond de cale, ça devrait éviter les questions hasardeuses si d’aventure les archers maritimes se radinaient pour nous chercher des noises.

J’ai préféré que Lepainsec reste à bord au cas où il y aurait du grabuge, et seule Adélaïde m’accompagne. Elle a tressé ses longs cheveux ...