Petite chronique médiévale - Histoires de Sexe

Petite chronique médiévale

... encore adolescentes, rougissantes, ricanantes comme des bécasses, incapables de dire le moindre mot qui n’ait été répété à l’avance. Je sais déjà que leurs minauderies et leur manifeste inutilité vont m’exaspérer. Une descendance oui, mais pas au prix de l’ennui. Je suis un chasseur, un bretteur aimant manier les armes. Je n’entends rien au luth, au clavecin, pas plus qu’aux poèmes ou aux chansons de geste. En revanche, je n’avais jamais imaginé qu’une épouse puisse être compagne de chasse et de chevauchée. Cela demande réflexion. Et vous, lorsque vous aurez trouvé un géniteur soumis à votre volonté, que ce frêle garçon vous aura engrossée, qu’en ferez-vous ? Le rangerez-vous dans un placard ?
— Vous parlez bien, mon cher Comte. Je m’étais dit aussi que le fruit d’un homme insignifiant pouvait l’être également. Encore faudrait-il que vous me plaisiez et que je vous plaise. Pour cela, je ne vois qu’un moyen : chassons ensemble.
— C’est une très bonne idée. Quand ?
— Dès demain et dès l’aube ?
— Parfait. Dans cette attente, faites-moi visiter votre palais ducal, que je sache si j’aimerais y vivre.

Le lendemain matin, alors même que le ciel ne faisait que pâlir vers l’orient, deux cavaliers silencieux quittèrent le château. Au pas sur le bord enherbé du chemin, ils ne faisaient aucun bruit. Devant, marchait un étalon noir, haut sur ses pattes fines, une bête magnifique. Il portait une cavalière de même allure, et ses cheveux attachés faisaient tellement penser à la queue ...

... de sa monture qu’il était évident qu’ils étaient faits l’un pour l’autre. Suivait un étalon blanc plus puissant, portant un solide gaillard à la chevelure dorée flottant au vent. Hommes et chevaux faisaient un ensemble superbe, dont les rayons orangés du soleil levant rehaussèrent encore la beauté.

La jeune femme s’arrêta et montra du bras à son compagnon la direction qu’ils allaient prendre. Le haut du soleil franchissait la cime d’une lointaine colline et découpa soudain plus nettement son profil de médaille, posant dans ses yeux noirs une étoile fugitive. Un frisson d’émotion parcourut les reins du jeune homme.Non, décidément non, cette duchesse n’était pas ordinaire. Ils traversèrent une forêt au trot, reprenant un pas silencieux à l’approche de son orée. Le matin, le gibier sort manger en plein champ, ce n’est qu’ensuite qu’il se terre au fond des bois. En effet, juste hors du bois, à une trentaine de pas, un chevreuil broutait paisiblement. Il leva la tête au sifflement de la flèche qui volait vers lui, mais trop tard. Le trait l’atteignit en pleine poitrine, juste derrière l’épaule. Il tomba.

— Joli coup, mon cher Comte, mais la bête n’est pas morte.
— Question de temps, ça ne saurait tarder.
— Abrégeons ses souffrances.

Alix sauta de son cheval et sortit un couteau de chasse du fourreau pendant à sa ceinture. D’un coup sec, elle trancha la gorge de la bête qui tressautait encore. La jugulaire tranchée, le sang chaud et fumant gicla dans la rosée. Quand il ...