L'apprentissage - Histoires de Sexe

L'apprentissage

... ?
— Bon et bien au moins as-tu compris que le « vous » nous fait passer pour de riches héritières, un faux semblant de notre société. Et sais-tu ? Ma famille aussi s’imagine me punir en me collant chez les frangines… Ils ont bien tort.
— Je ne vous… ne te comprends pas vraiment…
— Tant mieux ! Et je te le jure, je n’épouserai jamais un homme pour son argent, dût-il plaire au monde entier. La liberté vaut mieux que cela.
— Alors, tu devras donc travailler ? Comme les ouvriers ou les employés dans les usines et les fabriques ?
— Non ! Je vais faire comme ils veulent. Prendre l’instruction et la culture grâce à leur maudit pognon. Mais je me servirai ensuite de ceux qui en possèdent suffisamment pour m’entretenir.
— Tu ne parles pas sérieusement ? C’est abject comme raisonnement.
— Allons, Charlotte, mieux vaut être une cocotte au creux de plusieurs lits, plutôt qu’une femme mariée subissant les cocufiages incessants de son mari. Et pour n’avoir pas même le loisir de s’amuser avec son propre pécule, puisqu’il reste l’unique propriété des hommes. Le mariage est une façon de rendre esclaves les femmes, inventé par une société de riches qui ne veulent aucune contestation.
— Je… je n’avais jamais vu la chose sous cet angle-là. Il y a sans doute un fond de vérité dans tes arguments.
— Tu vois bien que nous pourrons être amies toi et moi. Mais il te reste beaucoup à apprendre et en particulier… la rouerie que nous confère notre rang. Et en premier lieu apprendre à ...

... embrasser, c’est la base de tout. Savoir aussi se faire désirer et se faire attendre. Les hommes seront fous de nous lorsque nous aurons assez de subtilité et d’adresse pour les attirer dans nos filets.
— … Tu penses vraiment ce que tu dis ? Tu te rends compte ?
— Nous avons encore quelques années d’études ici pour parfaire cette éducation sentimentale bienveillante qui nous donnera le pouvoir…
— Celui des cocottes, tu veux dire ?
— Non ma chère ! Celui bien plus puissant des « Catins » !

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Voilà cette première rencontre avec ce mot si peu glorieux. Catin… tout un programme échafaudé par une Adèle en guerre contre sa famille, contre la société. Elle avait ce jour-là, mis le feu en moi, celui d’une révolte ignorée, semblable à la sienne. Nous avons au fil du temps appris à nous connaître mieux. Elle était sans gêne, effrontée et m’entraîna rapidement dans son sillage. Les sœurs qui nous donnaient des cours avaient fort à faire avec les deux rebelles que nous devenions. En ce milieu d’année scolaire je trouvais enfin, un vrai plaisir à faire tourner en bourrique ces pauvres filles de Dieu.

Mais il y eut également d’autres moments engendrés par l’esprit fertile de ma nouvelle amie. En particulier ce qu’elle appela un soir : les cours singuliers. Après les prières du soir, des Complies auxquelles nous assistions toutes obligatoirement, elle voulut à tout prix que je sacrifie à un jeu moins anodin, moins innocent.

— Il est grand temps pour toi d’apprendre à ...