L'apprentissage
Datte: 30/08/2018,
Catégories:
ff,
cadeau,
école,
cérébral,
init,
confession,
prememois,
Auteur: Jane Does, Source: Revebebe
... corriger je ne sais quel défaut de sa vue se cachaient deux grands yeux clairs qui m’auscultèrent dès mon arrivée dans la chambre que nous allions partager pour l’année scolaire à venir. La nouvelle venue, cramponnant dans sa main gauche une valise, s’était arrêtée tranquillement sur le pas de la porte, me jaugeant d’un simple coup d’œil. Pour faire bonne figure, je lui lançai d’instinct quelques mots :
— Bonjour ! Bienvenue dans notre chambre.
— Salut ! Moi, c’est Adèle. Nous allons donc devoir cohabiter. Tu ne devras en aucun cas sans ma permission fouiller dans mes affaires. Compris ?
— … Mais…
— Ton prénom ? C’est… ? Une fois les présentations faites, nous n’aurons plus à y revenir.
— Charlotte et je suis heureuse de vous…
— Quoi ? Tu comptes me vouvoyer tout le temps ? Écoute Charlotte, je suis ici parce qu’il paraît que mon comportement, ailleurs, n’était pas convenable. Je n’ai nulle intention de me taire et d’être une fille à papa. Donc ou tu es avec moi ou tu es contre, c’est aussi simple que cela.
— … Je… je ne saisis pas vraiment.
— Tu veux des points sur les i ? Je ne suis dans ce genre de crèche que parce que mes parents ne savent pas quoi faire d’une fille. Mon frère, lui, représente le Graal pour eux, et moi, le caillou dans la chaussure.
— Je… suis fille unique, moi aussi.
— Oui ? Eh bien je n’ai pas l’intention de vivre une vie de soumission et ces écoles où l’on nous envoie ne sont là que pour faire de nous de gentilles épouses. Les biens que ...
... possèdent nos familles seront toujours légués aux mâles héritiers de la lignée. Tu comprends ?
— Pas vraiment, et surtout… je ne me suis jamais posé de question.
— Ben ma fille… tu devrais. Chez moi, c’est Pierre, mon frère qui aura tout et je ne toucherai sans doute qu’une rente miséricordieuse. Sauf si je fais un beau mariage. Mais je n’ai aucune envie de servir un roi… qui me fera l’aumône. Mais pour toi si tu n’as pas de frère, ce sera un cousin, proche ou lointain, comme le veulent leurs lois débiles.
— Vous croyez ?
— Décidément, que vous apprennent-elles les cornettes, dans ces écoles ? Avec ce qu’elles perçoivent comme thunes, au moins pourraient-elles vous dire la vérité. Et puis ton « vous » tu ne pourrais pas l’oublier juste pour que nous devenions des amies ?
— Je n’ai guère l’habitude. Ici, on se vouvoie toutes !
— Et du côté des garçons ? Il y a de beaux sujets ?
Surprise par la question si délicatement amenée, je m’étais sentie d’un coup tellement loin de cette fille.
— Des garçons ? Aucun n’a droit de cité dans ce pensionnat pour jeunes filles. Et puis, qu’en ferions-nous, grand Dieu ?
— Ne me dis pas que tu n’as jamais eu l’envie de t’approcher d’un de ces sujets virils ? Alors pour toi, Charlotte, c’est juste les études entrecoupées des messes quotidiennes qui me répugnent au plus haut point ? Pas même un baiser ? Quel manque dans ton éducation, ma chère. À moins que… ah ? C’est peut-être cela, tu préfères… les filles ?
— Vous… tu es folle, Adèle ...