L'apprentissage
Datte: 30/08/2018,
Catégories:
ff,
cadeau,
école,
cérébral,
init,
confession,
prememois,
Auteur: Jane Does, Source: Revebebe
... née, le quinze août à six heures du matin, le jour de la Sainte Marie, c’est bien ce bougre de matin que ma mère a enfanté. Il paraît que j’étais rose et fraîche comme une fleur, fille d’un couple de la bourgeoisie régionale. Mon père, Armand, un notable d’une ville de province, de moyenne importance. Ma mère… Clothilde, une jeune femme dont les parents étaient aussi patrons d’une usine dans le textile.
Ça, c’est la genèse d’une famille, la mienne. Donc ce fameux quinze août, un beau bébé de sexe féminin poussait son premier cri, avec en préambule une claque médicale sur les fesses, donnée par une sage-femme dans la grande demeure familiale. J’étais là, entourée d’une flopée de visages qui trouvaient tous, à coup sûr une ressemblance imaginaire avec l’un ou l’autre de mes géniteurs. Papa se trouvait fort dépité par mon manque d’un attribut plus viril que cette foufoune dont mon entrejambe était affublé.
Ma mère quant à elle avait fait sa part du travail, pas la plus facile, admettons-le ! Ensuite… eh bien faute de garçon, ils devraient bien s’accommoder de la gamine que j’allais devenir. Si Clothilde me prit sous son aile, Armand, lui, ne me donna pour toute affection que le strict nécessaire. Je n’entrais pas dans sa ligne d’attente. Ce qui me faisait défaut entre les jambes me classait d’office dans une catégorie « indésirable », bien que les convenances dussent être gardées. Sans doute s’employa-t-il, durant les années suivantes, à me renvoyer au rang qui se ...
... trouvait dévolu aux femmes de cette époque.
Choyée d’un bord, ignorée de l’autre, je devais donc me forger tout au long de ces années d’une enfance plutôt heureuse somme toute, un caractère particulier. L’homme s’y trouvait confiné en éternelles absences, en fantôme dont le rôle se bornait à ouvrir un portefeuille. Ce papa peu présent ne m’avait jamais finalement fait de mal malgré tout, se contentant simplement de me permettre de subsister sans problème. Et les caresses de ma mère ne pourraient jamais remplacer ce vide affectif tangible.
La chance aurait donc pu être de mon côté et m’offrir ce frère dont toute la maisonnée rêvait, mais dame nature est imprévisible. Ce ventre qui m’avait vu croître pour me permettre d’explorer ce monde ne voulut plus jamais se remettre au diapason des espérances de ces parents si diamétralement opposés dans leur amour filial. Ma mère, riche d’argent, mais pauvre de sentiments dû subir les pires rebuffades. Mon géniteur lui reprochant sans cesse de n’avoir su que lui faire cette drôlesse dont il n’avait que faire. Les temps n’étaient guère aimables avec les filles, surtout lorsqu’il s’agissait de transmission de fortune.
Mes études se sont passées de la meilleure manière. Là encore, je me dois de reconnaître que l’argent de papa devait contribuer à ouvrir les portes d’écoles prestigieuses dont je tairai les noms. Toutes étaient religieuses et les « bonnes sœurs » se sont toujours montrées conciliantes avec les petites fredaines dont j’ai dû ...