1. La Solitude d'Anastasie Beaubois (1)


    Datte: 12/12/2022, Catégories: Hétéro Auteur: Count Zero, Source: Xstory

    ... dire ça elle-même. Pensa le Basile comme à chaque fois que la mère parlait à la place de la fille.
    
    — Je ferai de mon mieux, Madame Beaubois.
    
    — Je n’en attends pas moins de vous, merci. Marie, chérie, je me retire dans le salon.
    
    Quand la mère leur tourna le dos, Basile chercha un regard complice de Marie, qu’il ne trouva pas. La jeune fille était clairement poussée dans ses retranchements par sa mère, d’un côté, et un système scolaire privé qui laissait sur la touche les élèves les moins prometteurs de l’autre. Elle était la dernière d’une fratrie composée de trois filles, ses sœurs étant toutes les deux plus âgées qu’elle.
    
    La première moitié du cours se déroula sans encombre. Marie comprenait vite quand on prenait le temps de lui expliquer calmement. La partie cours étant terminée, Basile laissa la jeune fille commencer les exercices de la semaine. C’était un moment de pause pour le jeune professeur, où il n’avait qu’à superviser de très loin le bon cheminement de la pensée logique et scientifique de sa jeune élève. Il se prenait parfois à rêvasser quand Marie était plongée en silence dans ses exercices. C’était toujours l’occasion pour le professeur de laisser traîner son regard autour de l’immense cuisine qui servait occasionnellement de salle de cours. La décoration de la pièce reposait sur trois piliers : mélange de nobles boiseries, des pierres de taille finement ciselées dont le côté rustique méticuleusement mis en scène n’était contrebalancé que par le ...
    ... troisième élément : une collection d’appareils ménagers rutilants qui devaient couter une petite fortune à eux seuls.
    
    Plongé dans une presque torpeur rythmée par le bruissement de la pointe du stylo plume de son élève sur la feuille, Basile entendit soudain une sonnerie de téléphone. La sonnerie était la sonnerie de base d’un iPhone qu’il percevait comme émanant de derrière la double porte en bois sombre entrouverte vers le salon. Après une ou deux longues mélodies, il entendit clairement Madame Beaubois pousser un soupir d’exaspération, de fatigue ou lassitude.
    
    — Oui ? interrogea-t-elle d’un ton sec, désinvolte, désagréable.
    
    Et avant de pouvoir en entendre davantage, Madame Beaubois saisit la poignée de la porte, qu’elle referma avec délicatesse sur la cuisine.
    
    Marie dut d’apercevoir de la perplexité de son professeur, puisqu’elle intervint, d’un ton détaché, voire blasé :
    
    — C’est Papa, il appelle pour dire qu’il ne rentre pas.
    
    — Ah bon ?
    
    Basile s’était toujours forcé à rester le plus professionnel possible. Pas de questions sur la vie privée. Jamais de familiarités (sauf les quelques traits d’ironie qu’il se permettait avec Madame Beaubois). Et surtout... jamais, au grand jamais, de gestes déplacés, même accidentels. Sa réputation et le droit d’exercer son métier étaient en jeu.
    
    Malgré tout, il ne s’interdisait pas non plus d’écouter ce que les jeunes garçons et jeunes filles pouvaient avoir à lui dire. D’une part parce que ces jeunes gens pouvaient ...
«1234...11»